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Abolition, Débat, Prostitution, Sénat, Solidarité, Témoignage, Violence
L’an dernier, les débats sur l’abolition du système prostitueur faisaient la une des médias, en raison de son volet sur la pénalisation des clients, destiné à responsabiliser les clients-prostitueurs. Sans ce volet, bien peu se seraient intéressés au sort des personnes prostituées, ou l’ayant été.
La proposition de loi a été adoptée en décembre 2013 à l’Assemblée Nationale, à une large majorité (268 voix soit deux tiers des suffrages exprimés). Depuis, la proposition de loi a été soumise à une commission spéciale du Sénat, mais n’a même pas été examinée en séance au Sénat, faute de volonté politique : elle n’a pas été inscrite à l’ordre du jour par le Gouvernement ni par le Sénat.
A quelques semaines des élections sénatoriales (le 28 septembre) et de la rentrée parlementaire qui va suivre, Rosen Hicher, survivante de la prostitution et militante active de l’abolition, a décidé de rappeler au gouvernement sa promesse de faire voter la loi avant fin 2014. Elle entame donc dans deux jours une marche de 750 km environ, pour retourner sur les lieux où elle a été prostituée et sensibiliser à nouveau l’opinion publique.
Alors que les opposants à la pénalisation des clients mettent en avant le risque de précarisation des prostitué-e-s, Rosen tient à rappeler que le client est la première source de précarité et de violence à l’encontre des prostitué-e-s. En payant, le client-prostitueur n’achète pas un rapport sexuel, mais exerce un rapport de domination. Le client crée la demande. Sans l’acheteur, il n’y aurait pas de proxénète et de traite de femmes et enfants vulnérables.
Voici les propres mots de Rosen :
EN MARCHE POUR L’ABOLITION
« … laisser le droit aux clients de nous acheter, c’est laisser le droit aux proxos de nous vendre…. »
je partirai à travers la France le 3 septembre sac sur le dos et je marcherai pour l’abolition de l’esclavage sexuel dans le monde . Pourquoi ais-je choisi Saintes comme ville de départ , c’est mon dernier lieu de prostitution et pendant cette marche j’irai vers les lieux ou je me suis vendue.
Je veux combattre cette dernière violence faite et autorisée encore dans le monde.JE DIS STOP A TOUS ACHATS DE CORPS .
Une carte interactive peut être consultée étape par étape ici.
Nous sommes nombreux-ses à soutenir l’abolition du système prostitueur. Nous avons lu des témoignages, interpellé nos députés et nos sénateurs, débattu sur les réseaux sociaux, les médias et auprès de notre entourage. Voici une nouvelle action un peu différente à soutenir ou à rejoindre. Rosen va se réapproprier les lieux où elle a été exploitée, dans une démarche volontariste destinée à remobiliser nos dirigeants et l’opinion publique.
Pour en savoir plus sur sa démarche, lire cette interview de Rosen et cet article de Prostitution et Société.
Un événement à suivre sur le blog de la Marche pour l’abolition, sur Facebook et relayé sur d’autres blogs : A dire d’elles et Adelais & Jasmine.
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Ecoutons d’autres survivantes de la prostitution :
- Laurence Noëlle, France, Renaître de ses hontes, Éditions Le Passeur, avril 2013,
- Interview de Laurence Noëlle par Sporenda
- VIDÉO : Audition de Rosen Hicher et Laurence Noëlle au Sénat
- 30 jours, 30 témoignages de survivant-e-s
- Rachel Moran, Irlande, Paid For: My Journey Through Prostitution, Gill & Macmillan + blog The Prostitution Experience
- Rebecca Mott, Royaume Uni, blog Exited Woman’s Exploration.
- Survivors’ Stories from around the world
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Ressouces sur l’abolition du système prostitueur :
- Site bilingue : Ressources prostitution
- Dossier sur la législation et le discours médiatique sur Les Nouvelles News
- Tribune d’un collectif de médecins en faveur de la pénalisation
- L’utopie libérale du service sexuel, par Mona Chollet
- L’abolitionnisme pour les nulLES
- ONG d’aide à la sortie de la prostitution : Mouvement du Nid (France), Apne Aap (Inde).
- Fondation Scelles
- CRIDES – Centre de Recherches Internationales et de Documentation sur l’Exploitation Sexuelle
- Collectif d’associations abolitionnistes : Abolition 2012
Katsandrya a dit:
Très intéressant, merci pour le partage de l’information… dommage que je ne sois pas sur le parcours, j’aurais volontiers fait un bout de marche avec elle (dans l’hypothèse où l’accompagner serait du domaine du possible).
Il est effectivement très important de faire comprendre à quel point l’argent sert la domination et que le corps n’est pas une « chose » à vendre.
Toutefois, cela peut entrer ensuite dans le domaine du fantasme, mais alors l’échange d’argent pour un rapport sexuel devrait du coup rentrer dans le domaine du BDSM, quelque part, non ? (pour les quelques cas qui revendiquent la prostitution comme un droit de se vendre si ces personnes le veulent….)
Diké a dit:
Hello ! Tout le monde est invité à accompagner Rosen pour un bout de marche, effectivement c’est dommage que tu ne puisses pas venir.
Pour les personnes qui revendiquent le droit de se prostituer, sache que la loi sur l’abolition ne va pas le leur interdire. L’abolition vise à interdire l’achat d’acte sexuel mais pas la vente, en prenant acte du déséquilibre introduit par le pouvoir financier de l’acheteur. Il s’agit de laisser les prostituées tranquilles et de rééquilibrer le rapport de force, en leur donnant la possibilité de porter plainte contre leur client si elles le souhaitent.
Mais pour ta remarque concernant le BDSM, je ne suis pas d’accord. Un acte sexuel ne peut être libre s’il n’est pas désiré (même influencé par le BDSM). Le problème avec l’introduction d’argent, c’est que la prostituée est obligée de nier ses désirs ou répulsions et d’accepter un rapport sexuel sans se préoccuper de son corps.
La répétition de tels actes sexuels non désirés est un déni du corps et donc de la personne, et a des conséquences néfastes sur la santé physique et psychique des prostituées.
Katsandrya a dit:
D’accord, ça devient un peu plus clair encore avec l’explication de l’abolition, je ne l’avais pas compris comme ça, comme quoi… des fois, il faut se faire ré-expliquer des choses pour mieux saisir les tenants et les aboutissants.
Concernant ma remarque lié au BDSM, c’était dans l’hypothèse où si on « éliminait » la prostitution en redonnant du pouvoir aux personnes prostituées, alors peut être que cela pourrait devenir quelque chose – la prostitution – qui fasse partie d’un fantasme et non plus d’une nécessité pour vivre… Je ne sais pas comment expliquer vraiment le « truc »… je me suis retrouvée plusieurs fois sur le « bord » de devoir me prostituer, mais je n’ai jamais franchi le cap, parce que j’étais limite à la rue parce que pas de boulot etc. Et que les aides n’existaient pas pour « ma case ». Du coup, je me dis que si les personnes qui sont dans la même situation pouvaient s’en sortir et ne plus avoir à vendre leurs corps pour gagner leur vie et faire quelque chose qui leur plairait plus (dans l’hypothèse où ça ne leur plaît pas, peut être qu’il existe des gens à qui ça plaît, je ne sais pas) alors on arriverait à tarir aussi bien l’offre que la demande pour le bien être du plus grand nombre.
A ce moment là, la prostitution pourrait peut être être perçue comme un fantasme et non plus comme une obligation pour survivre…
Pas sûre d’être claire dans mon propos….
Diké a dit:
Je dirais que si les prostituées le sont devenues, c’est à cause de la précarité et de l’absence d’aides et de choix, comme tu le soulignes, mais aussi à cause d’un conditionnement préalable à l’objectivation sexuelle : abus subis pendant l’enfance, famille dysfonctionnelle, violences exercées dans l’intimité par un petit ami ou un conjoint. Du coup il me semble que la notion de fantasme elle-même est faussée par les conditionnements que nous recevons individuellement, mais aussi culturellement (culture du viol).
Je ne sais pas si cela répond bien à ta remarque. En tout cas, comme tu le dis, il est indéniable qu’il faut travailler sur les raisons qui déterminent l’entrée en prostitution, et lutter contre la précarité, pour la solidarité et pour que les femmes et adolescentes prennent confiance en elles.
elsiabeth a dit:
Bonjour, pourriez-vous mettre à jour la carte que vous avez publiée? Voici le parcours modifié : https://www.facebook.com/groups/Marche.Abolition/permalink/1533460186868491/
Merci!
Diké a dit:
Je ferai ça dans 2 jours ! Merci de m’avoir prévenue !