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Aishwarya Rai, François Hollande, Jacqueline Sauvage, Justice, Kiranjit Ahluwalia, Patriarcat, Provoked, Violence Conjugale
Cher François Hollande,
Depuis quelques semaines, nous t’avons demandé en vain de gracier Jacqueline Sauvage. Malgré l’ampleur des dégâts causés par les violences conjugales, qui justifieraient bien un état d’urgence, nous nous sommes heurtés à ton dédain souverain. Tu n’as pas eu un mot pour Jacqueline Sauvage, victime pendant 47 ans de terreur domestique.
Puisque deux cent mille signatures ne suffisent pas, il faut changer de registre. On dit que tu t’intéresses aux actrices? Parlons d’Aishwarya Rai. Ancienne Miss Monde, star de Bollywood, égérie de L’Oréal, habituée du festival de Cannes: que du glamour. Et pourtant, Aishwarya Rai est aussi une survivante de violences conjugales. Une expérience qu’elle a partagé avec ses fans dans le film Provoked, présenté à Cannes en 2006, et inspiré de l’histoire vraie de Kiranjit Ahluwalia.
En 1989 en Grande-Bretagne, cette femme d’origine indienne mis le feu à son mari Deepak, en réaction à 10 ans de violences physiques, sexuelles et psychologiques qu’elle endurait depuis son arrivée d’Inde. Ce jour-là il l’avait menacée en brandissant un fer à repasser chaud. Elle attendit qu’il s’endorme, et lui versa de l’essence sur les jambes avant d’y mettre le feu.
Kiranjit Ahluwalia fut initialement condamnée à perpétuité pour meurtre. En prison, elle reçut le soutient des Southall Black Sisters (SBS), une ONG militant pour les droits des femmes d’origine asiatique et afro-caribéenne ou issues de minorités ethniques. Grâce à leur combat pionnier, les SBS réussirent à faire rejuger l’affaire en appel. Elles introduisirent la notion de « responsabilité diminuée » pour cause de grande dépression dont souffrait Kiranjit au moment des faits, et proposèrent une nouvelle interprétation de la notion de « provocation », qui tienne compte de l’expérience particulière vécue par les femmes battues : les activistes soulignèrent que l’accumulation des violences conduit les victimes à se consumer à petit feu, à bouillonner intérieurement de rage et de peur, ce qui peut expliquer un délai entre la provocation violente du mari, et la réaction fatale de la femme. Ce délai joue habituellement contre elle, s’il est interprété comme une période de réflexion, voire de préméditation.
Ce délai a effectivement joué contre Jacqueline Sauvage, qui a attendu plusieurs heures avant de tuer son mari, en réaction à la bastonnade qu’il lui avait infligée.
En 1992, la mort de Deepak fut requalifiée en homicide involontaire (« manslaugther ») au lieu de meurtre. Kiranjit Ahluwalia fut finalement condamnée à 3 ans et 4 mois de détention, la durée exacte qu’elle avait déjà passée en prison. Contrairement à Jacqueline Sauvage, Kiranjit Ahluwalia ressortit libre du procès en appel. Le procès a fait jurisprudence en Grande-Bretagne et a permis d’améliorer la loi.
C’était en 1992, outre-Manche. Deux décennies plus tard, en France, nous en sommes encore à enfermer les femmes violentées qui résistent à leur agresseur…
François, nous ne te demandons pas grand chose pour Jacqueline Sauvage. Nous aurions voulu une justice efficace qui aurait mis fin à l’impunité de Norbert Marot. Nous espérions un verdict d’acquittement le 3 décembre dernier.
Mais à présent, tout ce que nous te demandons, c’est un geste bien patriarcal. La grâce présidentielle reste le fait du Prince, un héritage de l’Ancien Régime. Alors qu’est-ce qui te bloque ?
Nous voulons simplement que Jacqueline Sauvage et ses filles puissent réaliser leur souhait de passer du temps ensemble.
Dans l’attente de ta réponse, je t’informe que nous allons continuer à nous faire entendre. Rendez-vous le 23 janvier prochain…
Diké
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A Lire:
- Southall Black Sisters – Kiranjit Ahluwalia campaign and legal debate on homicide
- Unprovoked – Ruchir Joshi
- ‘I wanted him to stop hurting me’– Julie Bindel meets Kiranjit Ahluwalia
Écrivons à François Hollande ! c’est simple : vous imprimez la carte postale ci-dessous, vous rajoutez vos nom et prénom, pas besoin de coller un timbre (c’est sans timbre pour écrire au président), et hop dans la boite aux lettres ! et vous êtes libres bien entendu de rajouter un petit mot au dos !
Submergeons la boite aux lettres de l’Elysée ! A vos stylos !
Source : Groupe de Soutien à Jacqueline Sauvage
TANGAKAMANU a dit:
A reblogué ceci sur tangakamanu.
grrrr a dit:
Commettre un meurtre et bafouer des avis de juges et jurys (des gens comme vous) vous semble donc logique, puisque vous estimez que cette meurtrière doit être libérée ? Vous ne respectez pas la Justice, hein. Ok, elle a été maltraité pendant longtemps et a tué un mec violent mais si elle avait fait ce qu’il faut, elle serait partie bien plus rapidement, ne serait-ce que pour ses gosses. Elle ne peut pas se prétendre une bonne mère en ayant laissé ses gosses dans une telle situation. Plus de 40 ans sans rien dire : faut être folle. Elle a 2 morts sur le dos : son mec et son fils. « Beau palmarès ». Navrant que des féministes tentent d’influencer la Justice alors que ça aurait été un mec qui aurait commis ça et serait en prison, elles iraient jusqu’à lui envoyer des trucs louches et le haïr, c’est clair. Les féministes n’aiment pas les hommes. Cette femme doit payer sa dette.
Diké a dit:
Il est faux d’affirmer qu’elle n’a rien dit. Mme Sauvage a essayé de partir à plusieurs reprises, en vain, et de se suicider pour échapper à son calvaire. Ses filles ont aussi essayé de porter plainte. Gendarmes, maire et médecins étaient au courant des violences et ont failli à leurs devoirs.
Quant à affirmer qu’elle a la mort de son fils sur le dos, c’est dédouaner le seul criminel de cette affaire, qui a bénéficié 47 ans d’une impunité honteuse pour la France. Navrant pour quelqu’un qui prétend défendre la justice.
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