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Les masculinistes sont ces hommes qui militent pour maintenir ou renforcer leurs privilèges patriarcaux, y compris le contrôle des femmes par le viol, la maternité, l’exploitation économique, les violences intrafamiliales, etc.

Je ne détaille pas plus car ce billet s’adresse à toutes les féministes déjà bien informées à leur sujet, pour un rappel de routine, ou presque : il nous est nécessaire, et même vital, de garder une distance critique vis à vis des hommes qui se disent féministes ou pro-féministes. Peu importe le choix des mots, ce qui compte c’est la motivation et l’expression de l’engagement féministe d’un militant : est-il à la fois sincère, désintéressé et discret ?

Trop souvent, le féminisme est instrumentalisé par des groupes réactionnaires, en politique par exemple. Les hommes se servent aussi individuellement du féminisme, pour régler des problèmes existentiels ou en retirer des satisfactions personnelles, qu’elles soient pragmatiques (recherche de profit ou de notoriété) ou perverses (posture narcissique et séductrice, haine des femmes, tentative de maintenir le contrôle sur une ex-conjointe).

Ces groupes ou ces individus font coup double en instrumentalisant le féminisme. Ils tirent profit de la formidable énergie révolutionnaire des militantes, tout en canalisant cette énergie, ce qui annihile son potentiel révolutionnaire.

Après tout, l’exploitation des femmes sous toutes les formes imaginables est un fondement du système patriarcal. Il suffit d’appliquer les bonnes vieilles méthodes du patriarcat au mouvement féministe, pour le retourner contre les femmes.

Voici un exemple très précis d’instrumentalisation masculiniste de militantes féministes, dans lequel je me suis retrouvée embarquée à mon insu ces derniers jours. Et vous aussi peut-être.

Appelons-le Bernard. Je l’ai déjà bloqué il y a quelques mois, informée de ses agissements haineux envers certaines féministes en privé, et je ne pensais plus avoir affaire à lui. Mais il a trouvé un moyen de contourner le blocage sur Facebook en créant un groupe.

Depuis une semaine, une féministe m’a ajoutée à un groupe Facebook intitulé « Révolution par les femmes », d’inspiration soi-disant anarchiste. L’intitulé du groupe laissait entendre qu’il a été fondé par une ou plusieurs femmes. Première manipulation.

Car hier soir j’ai réalisé que ce groupe a été créé par Bernard il y a deux semaines. Il m’a suffit de le débloquer pour avoir confirmation de mes doutes, et pour réaliser l’ampleur de ses manipulations.

Il a donc franchi une nouvelle étape dans son projet obsessionnel d’infiltrer le mouvement féministe. Cette fois-ci il veut en être un leader influent.

Il a d’ailleurs recruté des femmes pour administrer le groupe avec lui : elles lui servent de caution féministe, tout en fournissant le contenu des publications – il ne semble pas capable de produire seul un contenu féministe consistant. C’est de l’exploitation patriarcale, à nouveau.

Si vous faites partie d’un groupe de discussion féministe animé par un homme, pensez à relire d’un œil critique ses interventions (publications, commentaires, comportement). Ici on y décèle de nombreuses signes de masculinisme, par exemple :

      • A côté de publications pseudo-féministes sans intérêt, il publie des posts ambigus ou explicitement sexistes (avec des insultes misogynes comme « mothafucka »).

Grillé !

typique de la « littérature » antiféministe – rien de révolutionnaire

C'est gentil de nous prévenir

Effectivement.

    • Il ramène trop souvent le débat à lui ou aux « problèmes » des hommes au sein du féminisme. Il éjecte les masculinistes qui rivalisent avec lui, et invite les autres hommes (pas forcément masculinistes) à avoir une attitude humble, à l’opposé de ses interventions autoritaires.

Male Tears - Sad Mansplainer

  • Il a éjecté une féministe sous prétexte de « trollage », parce qu’elle venait de débusquer son masculinisme. Réciproquement, il distribue des bons points à celles qui soutiennent son avis.
  • Il a envoyé balader une autre qui exprimait une inquiétude légitime vis à vis du caractère public du groupe. Une femme a besoin de garanties de confidentialité lorsqu’elle exprime ses motivations féministes.
  • D’ailleurs lui-même s’autorise à communiquer en privé. Il invite les membres à discuter en privé avec lui. Ses réelles motivations militantes sont inavouables en public.

discours privé discours public

Pourquoi un double standard femmes / hommes (ou femmes / masculinistes), vis à vis de la possibilité de s’exprimer en privé ? Pourquoi Bernard tient-il un double discours public/privé ?

JE NE VEUX PAS LE SAVOIR. Je n’écoute pas les justifications des manipulateurs animés par la haine des femmes.

Ses intentions sont claires de toute façon : Bernard nous encourage à constituer une « force de frappe« , à « lever une armée » ; il nous exhorte à recruter pas moins de 5000 membres (bonjour la mégalomanie) et se félicite régulièrement des résultats de sa politique de recrutement (ou plus probablement de son spamming).

megalomanie

Le tout accompagné de photos glaçantes d’armes à feu, parfois brandies par un enfant ou une jeune femme sexy. Le message de violence est clair, avec l’inversion de culpabilité classique des masculinistes, qui présente les victimes du patriarcat (femmes et enfants) comme agresseurs.

Chez Bernard, nous ne sommes pas dans une rhétorique révolutionnaire, mais para-militaire. Il s’agit de planifier (ou au moins fantasmer) des actes violemment féminicides.

D’ailleurs Bernard ne cache pas qu’il veut s’attaquer à certaines femmes identifiées comme ennemies de la lutte (quelle lutte ?). Je n’ose imaginer ce qu’il envisage de leur faire subir. Il ne s’agit pas de révolution féministe mais plus vraisemblablement de punition, de revanche, de backlash misogyne qu’il veut diriger contre certaines d’entre nous.

Diviser les femmes pour mieux régner sur elles.

Le comble de la perversité étant de déléguer à quelques femmes le soin de détruire d’autres femmes.

Bernard est-il dangereux ? Ce groupe fort de 2200 membres ne reflète pas sa « force de frappe » réelle, car la plupart des membres ont été ajoutés sans leur avis ; ils ne participeront pas au groupe.

En revanche cet effectif en dit long sur sa volonté de nuire, sur son potentiel destructeur.

Bernard est dangereux. Soyons vigilantes.

Quant à moi, je faisais partie de cette « armée » sans même le savoir, puisque je n’avais accès à aucune des interventions malsaines et nombreuses de Bernard, jusqu’à ce que je le débloque.

Maintenant il ne me reste plus qu’à faire le ménage dans mes contacts et à quitter ce groupe, non sans vous avoir prévenu-e-s. J’opte pour une arme moins violente et nettement plus révolutionnaire que les armes à feu : Bernard, du balai ! Ne reviens plus frapper à ma porte.

A. Rackham, The Witches' Sabbath

Conspiration de féministes révolutionnaires ?

Merci à Katrina Sharp pour sa sélection de sorcières dans l’art !