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Le Courrier de Diké

~ Justice pour les femmes

Le Courrier de Diké

Archives de Tag: Viol

Je n’ai pas échappé, malgré tant de précautions, aux violences sexuelles

22 dimanche Déc 2013

Posted by Diké in Ripostes, Violences

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Culture du Viol, Témoignage, Viol, Viol conjugal, Violence Conjugale, Violences sexuelles, Violeur, Viols collectifs

Voici la contribution d’une femme qui tient à partager les stratégies de défense qu’elle a imaginées et déployées, seule, pour résister aux injonctions collectives à la soumission puis désamorcer ou encaisser la violence masculine.
 
Au passage, elle relève aussi l’apathie des services médicaux, prêts à diminuer à coup d’anxiolytiques les symptômes des violences subies, sans questionner le comportement violent du conjoint à la source de ces symptômes.
 
La contributrice analyse aussi les causes ou les facteurs de la violence conjugale. Pourquoi sont-ils violents avec nous ? La violence n’est jamais une démonstration de force, mais de faiblesse de l’agresseur (faiblesse narcissique en l’occurrence).
 
Merci à elle pour son témoignage lucide, courageux et généreux.
 
[ce texte est la propriété de la personne qui l’a écrit. Nul ne peut le reproduire sans son autorisation (que vous pouvez demander par mon intermédiaire)].
 

Je voulais dire comment moi je me suis « démerdée » par rapport au misogynisme ambiant là ou j’ai habité jusqu’à mes 25 ans.
J’étais dans une ville où il y avait beaucoup de cités, je veux dire par là des quartiers difficiles, et quand on dit quartiers difficiles c’est encore plus dur pour les femmes.

Pas le droit de se mettre en jupe ou en robe (ou alors à tes risques et périls), pas le droit de porter certaines couleurs (le rouge en particulier). Il faut supporter les insultes quotidiennes dans le bus (attenant bien sur au fait que tu es de sexe féminin, sur ton physique, que tu sois jugée « chaude », « bonne », « baisable » etc… ou moche).

La misogynie, en plus de te faire chier avec le genre masculin, s’invite bien souvent dans la bouche des autres filles : « c’est qu’une pute », « elle l’a mérité » etc… juste par exemple parce que tu mets des talons, ou que tu as le malheur d’être jolie, ou pire blonde au yeux bleus.
J’ai vécu l’enfer de la cité au féminin, entre autre les tournantes, j’ai eu un bol extra ordinaire d’avoir réussi à m’échapper à temps.

Alors j’ai cherché un moyen de pouvoir vivre « normalement ». Je ne voulais pas, comme on me le conseillait pourtant, renoncer à vivre NORMALEMENT. Quand j’ai commencé à avoir des relations avec des hommes, je ne me suis pas précipitée, j’ai réfléchi. J’ai fait une liste de ce que je voulais, et de ce que je ne voulais pas. A chaque fois que j’étais sur le point de conclure quelque chose avec un homme, j’énumérai la liste de ce qui ne nécessitait pas de précaution particulière, de ce qui était strictement interdit, et de ce qui était possible de négocier sur demande expresse. Je précisais qu’il n’y avait aucun accord tacite et qu’avant de prendre une initiative, une demande serait la bien venue sous peine de dégageage tout nu dans l’escalier.

J’ai toujours pris l’initiative d’aller vers les hommes qui m’attiraient, et de faire dans le très très clair, pour éviter tout mal entendu. Après, une fois au lit je prenais la direction des opérations pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Par contre, j’ai toujours pris le temps de demander à mes partenaires si il y avait des choses qu’ils ne voulaient pas, des tabous, ou des zones interdites. Et à chaque initiative nouvelle je disais ce que j’avais envie de faire et je demandais la permission. Avec ces différents partenaires, choisis, interrogés et dans l’ensemble guidés (mes critères de sélection n’ont jamais été purement physiques, ni sur les performances sexuelles, j’ai d’ailleurs toujours préféré des hommes ayant peu ou pas d’expérience et qui se posent des questions aux hommes arrivant en terrain conquis). Avec ces choix, les choses se sont toujours bien passées, je dirais même que le fait que je guide et que je prenne les initiatives a été très apprécié. Par contre, ces hommes étaient dans l’attente d’une relation humaine que j’étais incapable de donner parce que j’avais trop peur. Trop peur d’avoir l’air douce, trop peur d’avoir l’air gentille, trop peur d’avoir l’air aimante, trop peur d’avoir l’air de LA PROIE idéale. Du coup, après mon affaire réglée, je profitais que l’homme aille faire une toilette, boire, ou autre, pour prendre la poudre d’escampette.
J’ai beaucoup souffert de cette situation et d’être dans une attitude tellement défensive que j’étais incapable de tisser un lien humain. Certains hommes ont été très blessés par cette attitude et j’en suis vraiment désolée.
Donc dans mon sac, les fringues que je voulais mettre et qui était féminine, et un jogging moche, à capuche avec un pantalon large et des baskets. Je me changeais sur place en soirée (dans les toilettes) et je donnais mon sac soit à garder derrière le bar, soit aux vestiaires, avant de repartir, si je rentrais seule, hop je me changeais avant de rentrer.

Pourtant, je n’ai pas échappé, malgré tant de précautions, aux violences sexuelles.
De la part d’un « boy friend » avec qui je n’avais pas de relation sexuelle, et avec qui je ne voulais pas de relation d’ailleurs (j’avais 17 ans je précise). Il était à l’armée (ce que je ne savais pas, il m’avait menti, sur son métier, et même sur son identité réelle, car n’aimant absolument pas les militaires et tout ce qui ressemble à une autorité de près ou de loin, c’est certain je ne serais pas allée vers lui). Il était très jaloux, et un jour où j’avais une bague sur une chaîne que j’avais mise en pendentif, il a sorti un couteau et l’a posé sur mon cou, puis il a arraché la chaîne avec le couteau en me frappant la tête dans un mur. J’ai eu peur, mais je ne voulais pas le montrer, car je ne voulais pas lui donner plus d’emprise. Un autre soir, nous rentrions de soirée, et avec des amis ils sont passés à la boulangerie, un de ses amis m’a préparé un sandwich à la brioche et au jambon de Bayonne, j’étais super contente, j’avais carrément faim. J’ai commencé à manger et je me suis pris un coup de poing dans la figure  » dis donc tu fais du 38, je sors pas avec toi pour retrouver une meuf qui fait du 44, alors tu bouffe pas cette merde « . J’ai voulu partir, le quitter, mais j’ai découvert sa véritable identité. Il avait déjà été condamné pour des violences graves. J’ai eu très peur, pas pour moi, mais pour ma mère. J’ai eu peur que si je lui refusais quelque chose, il fasse du mal à ma mère. Alors oui, il a eu ce qu’il voulait, je pleurais, sans faire de bruit, et j’attendais qu’il ait fini. Il a vu que je pleurais, ce qu’il l’a encore plus énervé, parce que du coup je ne prenais pas mon pied, ce qui remettait en cause ses performances. J’ai vraiment essayé de sourire, d’avoir l’air extatique, mais ça n’a pas marché. Il m’a jetée sans ménagement, en me disant que j’étais une allumeuse et une connasse. J’étais super soulagée. Pourtant, j’ai revu ce mec, je l’ai recroisé, dans la rue, dans des lieux publics, dans des soirées. J’avais envie de le tuer. A chaque fois, il me regardait, avec un sourire en coin, l’air satisfait. Un jour je n’ai plus supporté. Je suis allé le voir, il était attablé avec des potes. Je lui ai dit  » tu m’as vu à poil, c’est bien, t’es fier de toi ? Tu crois que tu me connais ? Tu crois que tu sais qui je suis ? Tu crois que tu peux parler de moi ? Non parce que tu ne sais rien de moi. Tu peux dire à tout le monde que j’ai un grain de beauté sur le cul, oui tu peux. Mais tu veux que je te dise ? T’es loin d’être le seul à pouvoir le dire. C’est pas une victoire de m’avoir baisée, ce qui aurait vraiment été une victoire c’est que tu ais pu dire quelle était ma couleur préférée. En plus au lit tu vaux pas un clou, t’es qu’une merde. Tu sais quoi je suis même pas allée voir les flics, parce que tu ne me fais pas peur, j’ai pas besoin d’eux pour régler l’affaire d’un type comme toi. Regarde moi bien, de haut en bas, insiste bien : tu vois je suis pas sale, je suis toujours aussi canon, et la seule chose que t’es potes retiendront c’est que t’as pas réussi à me garder parce que t’es qu’une bouse, que tu sais absolument pas ce dont je suis capable au pieu, et que j’aurais pu t’emmener au paradis. Reste donc dans ton pitoyable enfer, parce que ta fierté de m’avoir niqué, elle fait pitié et rien d’autre.  »
Je me suis sentie beaucoup mieux, je m’étais apprêtée à recevoir des coups, et à être sortie du bar. Mais non. Il est juste parti en m’insultant.

Après cette histoire je pensais être vaccinée. Mais en fait non. J’ai eu une histoire longue et difficile, avec un mec que je croyais aimer. En fait après toutes ces difficultés, j’avais une image de moi dégueulasse, malgré les apparences. Toujours donner le change, c’est ce que j’avais appris. Ne jamais donner de prise à l’adversaire. ADVERSAIRE, c’était donc ça les relations avec les hommes ?

J’avais besoin d’une relation douce, d’être respectée et aimée. Et j’y ai cru, quand mon petit ami de l’époque, que J’AI abordé moi même est venu à moi. Il était doux, gentil, agréable, cultivé. Oui il était tout ça. Quelques années plus tard, il était violent, ingérable, cocaïnomane, et sexuellement déviant. Il était pourtant le père de mon bébé. J’ai eu le droit à toute la négation possible : je n’étais même pas un être humain, je n’aurais même pas du survivre selon SA théorie du Darwinisme. Morsures, bleus, viols, puis coups. Voilà les étapes. Quand je suis arrivée à l’hôpital j’étais en total sidération, incapable de parler pendant plusieurs jours, je ne pleurais pas non plus, je me contentais de vomir tous mes repas. A l’hôpital, rien, un lexomil pour que je dorme, et rien. Pas de constat, pas de questions sur les raisons de mon arrivée (pourtant ma mère l’avait emmenée et expliqué pourquoi j’étais là). Aucune prise en charge, c’était NORMAL.

C’était pourtant mon conjoint, le père de mon bébé, et l’homme que je croyais aimer qui était l’auteur de ces violences. Quand j’ai réalisé que j’étais « une femme battue, victime de violence conjugale » j’ai déposé une main courante. Il avait déjà un casier avec du sursis, et cette menace a suffit à le tenir à distance physique. Mais c’était sans compter les appels, les menaces etc…

Je suis partie, loin à 800km. J’ai mis environ 9 ans à me reconstruire. 9 ans de thérapie pour trouble du comportement, 9 ans de phobie des hommes, 9 ans de relations sexuelles avec un nouvel homme parfaitement respectueux, à voir son visage se déformer et prendre l’apparence de mon ex, 9 ans d’images de viol qui me hantaient pendant mes câlins…

Aujourd’hui je suis enfin capable d’aimer, d’être aimée et respectée, mais pas toujours capable d’identifier que quelque chose ne va pas, ni d’où ça vient. Heureusement j’ai un conjoint avec  » des antennes « , qui le ressent, et qui sait lui, ce qui ne va pas. Il m’a permis de mettre des mots dessus, et de reconnaître, que oui, j’avais été victime non pas d’un viol mais de plusieurs, et ça pendant plusieurs années.

Restait une question à élucider : pourquoi avait-il fait ça ? En était-il au moins conscient ?
Je me suis remémoré plusieurs de ses phrases, car à l’époque déjà, je l’avais questionné, mais j’avais  » oublié  » ses réponses.
Oui il était conscient de sa violence, oui il savait qu’il me faisait mal physiquement et psychologiquement. La raison ? « tu es trop intelligente, tu es trop belle, j’ai envie de te faire mal, de te faire bien mal, car tu es insupportable »
Je me suis souvenue de cette phrase, elle aussi m’a hantée quand elle est revenue à ma mémoire. Mais je suis sure qu’il est devenu un brave type, puisqu’aujourd’hui il est infirmier…

Aujourd’hui, ce dossier est classé pour moi, je vis sereinement mon quotidien, je ne pense plus que je suis une nulle, une ratée, une merde. J’ai repris des études, que j’ai brillamment réussies, j’ai même un poste à responsabilités, même si je suis sous payée. Je vis encore la misogynie dans mon quotidien, comme toutes les autres femmes. Mais quand je suis chez moi, je ferme la porte sur ce monde là, et j’ouvre celle de mon univers, et chez moi ce n’est pas comme ça. La seule ombre au tableau, c’est que quand je sors dans la rue, et que je croise un homme de dos qui ressemble un peu à mon ex, je tombe dans les pommes ou je vomis. Mais heureusement, ce n’est pas souvent…

J’espère que d’autre réussiront à mettre des mots sur leur vécu. Les forums et blogs féministes m’ont vraiment permis d’avancer, et m’ont permis un lieu d’écoute, d’expression et de partage.

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à lire aussi : La Parade des violeurs est le Silence des violées

Si tu veux publier un témoignage sur cette page, n’hésite pas à le faire dans les commentaires ou par ici.

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Cette page est destinée à libérer la parole des femmes qui n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer habituellement sur les violences qu’elles subissent. Seuls les témoignages et les messages bienveillants seront publiés : les commentaires qui défendent la propagande du viol tout en se permettant de juger les femmes violées ne seront PAS publiés (Pourquoi ? Parce que).

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J’ai subi la « bonne baise» (viol) selon SeductionByKamal

24 samedi Août 2013

Posted by Diké in Violences

≈ 60 Commentaires

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big bang theory, Culture du Viol, Doctorant, Ingénieur, Jean-Baptiste Marsille, Jeune homme, kamal, Libérer la parole, Pick Up Artists, Seduction By Kamal, Sites de rencontres, Témoignage, Viol, Violence, Violeur

Sur le site Seduction By Kamal (SBK), un article intitulé « Comment Bien Baiser » encourage les hommes à violer les femmes. L’auteur, Jean-Baptiste Marsille, y accumule des mythes sur le viol et l’absence de valeur du consentement, ainsi que des amalgames toxiques entre sexualité et violence érotisée. Il se fait ainsi l’avocat des violeurs et encourage d’autres hommes à le devenir.

Voici à présent le point de vue des violées : témoignage et analyse d’une femme qui a subi un viol dans ces conditions.

Elle dénonce aussi l’industrie des pick up artists, mais aussi des sites de rencontre, qui exploitent et promeuvent la culture du viol à des fins mercantiles.

[Edit – 10-09-13 : ce texte est la propriété de la personne qui l’a écrit. Nul ne peut le reproduire sans son autorisation (que vous pouvez demander par mon intermédiaire)].

Mon violeur est un jeune homme de 26 ans, doctorant en électronique et ingénieur diplômé d’une grande école. Bref, sans doute la fierté de Papa-Maman. De ce que je sais de lui, il semble issu de la bourgeoisie.

C’est arrivé il y a juste quelques mois. C’était la première fois que j’allais sur un site de rencontre… Sur le site, c’est le seul qui ne m’a pas paru trop «Kéké» (pas du tout même) et qui semblait intéresser par tisser des liens aussi amicaux (il disait qu’il était nouveau et voulait rencontrer du monde). C’est aussi le seul à avoir commencé à discuter tranquillement, sans me demander de photo ou à quoi je ressemblais.

Quand j’ai fait sa connaissance au bar « Chez Félix », il m’a fait un peu penser à un mix entre Sheldon Cooper et Raj, de Big Bang Theory. Timide, très inhibé, passionné de sciences, un peu crispé… il avait l’air vraiment inoffensif quand je l’ai rencontré, et plutôt gentil. Personne en le voyant ou en discutant avec lui au quotidien ne pourrait le prendre pour un violeur. PERSONNE. Il m’avouera plus tard avoir extrêmement du mal à parler de sexualité et a employé de simples mots comme « pénétration », « clitoris », etc. Typiquement, il devait entrer dans la cible de SBK : inexpérimenté, sans doute puceau, nul « pour la drague », probablement mal dans sa peau, etc.

Au milieu de la conversation, il m’a soudainement embrassée. Ça ne m’a pas déplu. Je lui ai proposé de venir chez moi, avec une idée en tête : coucher avec lui.

Sur le chemin, il s’est fait brutal dans ses manières, s’agrippant avec force à mon corps, m’embrassant violemment. Bizarrement, ça me laissait assez indifférente : derrière la passion feinte, tout était mécanique. Je n’ai pas pressenti le danger. Il faut dire que j’ai eu plusieurs partenaires sexuels et plusieurs fois des relations sexuelles avec des hommes que je connaissais peu. Je n’ai jamais eu de problèmes. De plus, j’étais dans une très bonne période, en mode un peu «bisounours» et aimant tout le monde.

Quand nous sommes rentrés dans ma chambre, tout a basculé. Une chose effrayante m’a beaucoup marquée : jusque là, il avait un regard doux ; une fois passé le seuil de ma chambre, son regard s’est durci, très fortement. Ce regard, je n’oublierai jamais.

Ce qui a suivi a été une suite d’humiliations sexuelles… Des ordres (« fais moi une fellation », « A quatre pattes ! »), des actes dégradants (me tenir et pousser fermement la tête pour que je le suce), puis finalement une pénétration vaginale contre mon consentement. Tout cela a donné une atmosphère pornographique particulièrement sordide, à un moment que je voulais agréable et bienveillant. Jamais il ne s’est soucié de ce que, moi, je voulais ou ne voulais pas. Au bout de 20 minutes, j’ai enfin réussi à mettre fin à tout ce cirque, mais ça m’a paru interminable.

Je connais plusieurs femmes qui m’ont dit – parfois en pleurs – avoir obéi automatiquement à des hommes qui leur donnaient des ordres sexuels. C’est ce qui m’est un peu arrivée au début, avant que je me ressaisisse. Je ne me l’explique toujours pas. Peut-être le fait qu’on nous apprenne à toujours être gentille, conciliante, serviable ? Dans tous les cas, pour elles, comme pour moi, ce fut extrêmement violent. D’où l’importance du désir et du consentement enthousiaste. Céder n’est pas consentir.

J’ai souhaité, avant qu’il ne parte, en discuter avec lui. Il m’a répondu de manière froide, méprisante, sans même me regarder : « Je n’ai pas envie de bavasser dans le vide ». Et il s’en est allé.

Je me suis retrouvée alors seule, avec juste mes larmes pour pleurer.

Ce jour là, j’ai vraiment compris que violences sexuelles et sexualité n’ont rien à voir. De loin, de l’extérieur, ça se ressemble, mais c’est de nature opposée. Avec tous mes partenaires précédents, expérimentés ou inexpérimentés, connus depuis des années ou depuis seulement quelques heures, j’avais réussi à crée une connexion, charnelle et sensuelle. Là, tous les actes de mon violeur étaient froids, mécaniques, dépourvus de signification. Décidément, avoir une relation sexuelle, ça n’a rien à voir avec le fait d’être utilisée sexuellement comme une poupée gonflable. Je voulais avoir une relation intime, du plaisir, partager quelque chose… pas subir un viol !

Par la suite, j’ai un peu échangé avec lui par mails… Il ne m’a pas forcée, m’a-t-il dit. Pourtant il est rentré sans toquer, si je puis dire, et il m’a pris la tête pour m’obliger à le sucer. Heureusement je me suis dégagée… mais si j’avais été paralysée par la peur (ce qui aurait été le cas il y a quelques années), en aurais-je eu la force ? Je ne pense pas. Tout comme je n’aurais jamais pu arrêter la pénétration. Heureusement que j’avais déjà lu des articles féministe sur le viol au moment où ça m’est arrivé, qui m’ont permis de l’arrêter. Trop tard , sans doute, mais je suis persuadée qu’il y a quelques temps, je n’aurais pu rien faire du tout.

Comment aurai-je vécu ça, il y a quelques années ? Imprégnée d’idées sexistes et de haine de moi-même, j’aurais sans doute culpabilisé, ressenti de la honte, et je me serais sans doute dit « c’est tout ce que tu mérites ! Il t’a traitée comme ce que tu es : une salope et un déchet ! ». Ca m’aurait sans doute détruite d’avoir été traitée de manière aussi humiliante. Avec mes idées féministes et le soutien de mes amies, j’ai pu aller de l’avant !

Par mail, il m’a aussi dit que pour lui aussi, « ça avait été dur » et qu’on était tout simplement « incompatibles sexuellement ». Balivernes ! ! ! PERSONNE n’aime être utilisé sexuellement. Certaines femmes aiment les jeux de domination et les trips SM, mais il s’agit de jeux de rôle qui miment la violence et la domination, dans un cadre consenti. Rien à voir avec ce que j’ai vécu.

Et pourquoi il dit que cela a été dur pour lui ? Parce que je n’ai pas apprécié d’être traitée comme un objet à sa disposition ? Ca, c’est la meilleure ! C’est aussi à ce moment là qu’il m’a confié que c’était très dur pour lui d’écrire ces mails car il fallait parler de sexualité.

A-t-il lu l’article de Jean-Baptiste Marsille sur « Comment bien baiser ? » ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, il a suivi ses conseils à la lettre. Il m’a donné des ordres. Il m’a fait descendre vers son sexe pour que je le suce, il ne m’a pas demandé s’il pouvait me pénétrer. Il m’a baisée comme une « fille de joie », sans jamais se soucier de ce que je voulais ou ressentais (et entendons-nous bien : je pense qu’aucun être humain ne mérite ça, y compris contre de l’argent). Il m’a montré que je n’avais pas le choix, ça oui !

Il a pu aussi très bien apprendre ces conseils en s’abreuvant de porno. L’article sur le site de Séduction by Kamal n’est qu’une transcription de ce que l’on voit dans ces films.

Toujours est-il que j’ai vécu, de l’autre côté de la barrière, la « bonne baise » selon ces messieurs « les séducteurs ». Non ça n’a pas été une bonne expérience. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée et honteuse. Mais Kamal ou J-B vont sans doute me dire que je devais savoir à quoi m’attendre, n’est-ce-pas ? Soit parce que je suis une salope (j’ai invité un quasi-inconnu dans ma chambre) soit parce que je suis une coincée du cul (je n’ai pas su apprécier « la bonne baise »). Sachez messieurs les pick-up artists que personne n’aime être traitée comme de la merde, y compris les femmes. Aussi étonnant que cela puisse vous paraître, ce sont des personnes comme vous, pas les créatures mystérieuses qu’on vous décrit, qui aimeraient qu’on les contrôle ou qu’on les dénigre.

J’ajouterais aussi que ces sites de rencontre pourris font bien en sorte que nous les femmes, soyons traitées de la sorte. En effet, les hommes doivent payer, alors que c’est gratuit pour les femmes. Les hommes en veulent donc pour leur « dû ». Ils payent, ils exigent d’en avoir ce pour quoi ils ont payé : l’accès aux femmes, qui représentent la marchandise.

Voilà, j’ai rien à rajouter… mon violeur était un garçon de bonne famille, consciencieux dans sa thèse, pas un taré au coin de la rue qui vous attaque au couteau. Il ne ressemble pas à un monstre, c’est juste un mec lambda, qui a oublié – comme la masculinité l’exige – comment on ressentait de l’empathie pour autrui.

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à lire aussi : La Parade des violeurs est le Silence des violées

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Cette page est destinée à libérer la parole des femmes qui n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer habituellement sur les violences qu’elles subissent. Seuls les témoignages et les messages bienveillants seront publiés : les commentaires qui défendent la propagande du viol tout en se permettant de juger les femmes violées ne seront PAS publiés (Pourquoi ? Parce que).

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La Parade des violeurs est le Silence des violées

24 samedi Août 2013

Posted by Diké in Ripostes, Violences

≈ 10 Commentaires

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Apologie du viol, Culture du Viol, Injures, Jean-Baptiste Marsille, Kamal Kay, Libérer la parole, Liberté d'expression, Paroles, Seduction By Kamal, Témoignages, Viol, Violences

Il y a quelques jours, je me suis indignée, comme tant d’autres femmes avant moi, de ce qu’un site commercial et ses partenaires puissent  s’enrichir en faisant l’apologie du viol, sans être inquiétés. Tant que nos échanges avec l’auteur de l’article étaient restés confidentiels et polis, notre indignation avait été méprisée par le site.

Lorsque mon indignation s’est faite moins discrète et plus insolente, j’ai eu le droit à une réaction immédiate. Sept pages d’injures misogynes, pas moins, où deux des trois personnes interpelées se proposaient également de « d’élargir l’étroitesse de [mon]… esprit » (c’est à dire de mon vagin, puisqu’il s’agissait d’un sextoy). Un jeu de maux révélateur de l’état d’esprit de ces personnes en matière de respect de l’intégrité des femmes.

L’un d’entre eux a fini par gazouiller de vagues excuses, juste après avoir essayé de me manipuler en message privé, pour sonder à quel point ses menaces de poursuites avaient pu m’intimider (ou pas).

Le plus frappant dans cette lettre injurieuse reste néanmoins la manière dont les auteurs se sont particulièrement mis en avant, voire mis en scène. JB, l’auteur de l’article faisant l’apologie du viol, m’apprenait ainsi ses nom et prénom, et exhibait son parcours professionnel, sous son portrait souriant et presque sympathique.

Sur Internet en effet, les violeurs peuvent se vanter de leurs crimes sans être poursuivis.

Et ceux qui les encouragent se sentent autorisés à s’exhiber fièrement, même si l’apologie du viol constitue un délit.

Mais lorsque NOUS dénonçons le viol et l’apologie du viol sur Internet, nous sommes obligées de le faire anonymement.

Notre parole est muselée par la tolérance dont bénéficient les hommes violents sur Internet. Elle leur permet de confisquer les espaces d’expression publique pour étouffer notre voix. De nous humilier et de nous intimider pour nous réduire au silence. De diffuser des mythes sur le viol pour nous décrédibiliser avant même que nous racontions la vérité. De rire de la violence misogyne pour faire croire que celle-ci est socialement acceptable, garantissant ainsi sa perpétuation.

Conséquence de cette propagande, la dénonciation de la violence misogyne dérange plus que la violence elle-même.

Et VOUS, qui voulez-vous entendre sur Internet : la parole des violeurs (et de leurs complices), ou celle des survivantes de la violence ?

Vous ne pouvez pas rester neutre. Si vous ne vous prononcez pas contre les propos sexistes, vous nous condamnez au silence. Défendre la liberté d’expression des violeurs, c’est abolir la nôtre.

Outre la lettre d’injure, j’ai reçu d’autres réactions spontanées à mon article, en commentaires ou en message privé. Vous ne les avez probablement pas lues.

Les voici, pour que vous nous entendiez, pour une fois :

J’ai enfin compris les pratiques d’agressions sexuelles/viol conjugual que m’imposait mon ex-petit-ami. J’ai porté plainte contre lui pour viol, mais classé sans suite bien sûr , raison : il n’a pas reconnu « n’avoir pas respecté mon consentement. » J’ai l’impression que le discours proféré sur ce site n’est que le discours sous-jacent de toute une société. Au moins , on l’a là en clair et net. Franc, oserais-je dire ?

Je vais leur pourrir leur twitter , et signaler dès que j’peux, merci pour ces articles.

Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Merci de leur avoir envoyé ça.
Il m’est arrivé aussi d’être violée dans le cadre de mon couple, c’est à le légitimation de ce genre d’acte que renvoie cet article effectivement.

c’est important qu’ils sachent que nous sommes nombreuses, et je suis à 100% en accord avec Diké et vous. Je sais aussi ce que c’est que d’avoir été « baisée » comme ils le préconisent sur ce site, et je pense que je mettrai une grande partie de ma vie à m’en remettre 😥

J’ai subi un viol conjugal aussi et malgré l’absence de violence physique, c’était très déshumanisant, pour moi (objet) comme pour lui (monstre). Il ne veut pas admettre que c’était un viol, mais je pense qu’il a finit par comprendre (trop tard).

Merci pour vos messages et vos témoignages qui me touchent beaucoup. Je crois que nous sommes nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses, beaucoup plus nombreuses que ce qu’on oserait croire à être dans le même cas.
J’en ai déjà parlé avec d’autres femmes françaises à qui c’est arrivé et nous avons été abasourdie de voir à quel point nos vécus étaient concordants, et parmi ces concordances figurait l’absence totale de remise en question et d’empathie du partenaire.
Nos cas ne sont pas du tout « isolés ». Comme le prouve la bêtise conjuguée de Messieurs Chombeau et Marsille, qui étalent leur arrogance et défendent leur grossièreté et leur irrespect envers les femmes comme des droits inaliénables, il ne s’agit pas de cas cliniquement pathologiques sur lesquels nous avons eu le malheur de tomber par hasard. Je me rends compte de plus en plus à quel point ce mode ignoble de pensée est la conséquence directe de la manière dont on éduque traditionnellement les garçons dans notre société.
Et le résultat final, c’est nous, qui nous nous retrouvons là et qui osons enfin en parler, en osant à peine poser le vrai mot dessus (« viol », oui, « viol »), et à presque nous excuser d’être des humains, et donc des êtres qui mettent du temps à guérir des traumatismes infligés.
Moi aussi, je vais mettre très longtemps à m’en remettre complètement.

Je vous embrasse toutes les deux, ainsi que toutes les concernées, et je vous souhaite un avenir plein de joie et d’amour,

Aurore

J’ai été victime de viol par le passé, je pensais l’avoir digéré et dépassé, mais en lisant pour la première fois en 2012 les « conseils pour baiser » de ce « Kamal », j’ai juste eu envie de pleurer et de hurler. Une période de flash-backs terribles ensuite. Quand il y a quelque jours, en 2013 donc, j’ai vu resurgir cette page que j’espérais voir disparaître… la tristesse et la colère… En tant que victime, c’est comme si je pouvais être à nouveau violée impunément sans cesse par ces individus. Depuis, les cauchemars sont revenus, et je ne comprends pas que la LOI n’intervienne pas pour interdire ces incitations à la violence contre les femmes, ces modes d’emplois pour violeur.

Toujours est-il que j’ai vécu, de l’autre côté de la barrière, la « bonne baise » selon ces messieurs « les séducteurs ». Non ça n’a pas été une bonne expérience. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée et honteuse. Mais Kamal ou J-B vont sans doute me dire que je devais savoir à quoi m’attendre, n’est-ce-pas ?

[…]

J’ajouterais aussi que ces sites de rencontre pourris font bien en sorte que nous les femmes, soyons traitées de la sorte. En effet, les hommes doivent payer, alors que c’est gratuit pour les femmes. Les hommes en veulent donc pour leur « dû ». Ils payent, ils exigent d’en avoir ce pour quoi ils ont payé : l’accès aux femmes, qui représentent la marchandise.

Ce témoignage est développé ici : J’ai subi la « bonne baise» (viol) selon SeductionByKamal.

Si tu veux publier un témoignage sur cette page, n’hésite pas à le faire dans les commentaires ou par ici.

————

Cette page est destinée à libérer la parole des femmes qui n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer habituellement sur les violences qu’elles subissent. Seuls les témoignages et les messages bienveillants seront publiés : les commentaires qui défendent la propagande du viol tout en se permettant de juger les femmes violées ne seront PAS publiés (Pourquoi ? relisez le billet). 

Pour débattre au sujet de la liberté d’expression de manière respectueuse, n’hésitez pas à commenter d’autres billets liés, notamment celui-ci.

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Pick Up Artists : le Marketing de la violence misogyne

19 lundi Août 2013

Posted by Diké in Ripostes, Violences

≈ 97 Commentaires

Étiquettes

Agence CSV, Alexandre Chombeau, Apologie du viol, Business Model, Communautés de la séduction, Culture du Viol, Entrepreuneuriat, Ethique, Jean-Baptiste Marsille, Kamal Kay, Marché de la misoginie, Masculinité, Mavenhosting, Pick Up Artists, Séduction, SBK Coaching, Seduction By Kamal, Viol, Violences

Trigger Warning : ce texte contient, en citation, des propos intolérables incitant à la violence contre les femmes et notamment au viol.

L’industrie de l’exploitation des femmes a peut-être créé le plus vieux métier du monde (le proxénétisme), mais elle n’en finit pas d’innover. Ainsi, depuis le milieu des années 90, elle s’est alliée avec celle du développement personnel pour accoucher du Pick Up Artist, acteur frénétique des « communautés de la séduction ».

Un Pick Up Artist est officiellement un « artiste de la drague », bien qu’il s’agisse plutôt d’une machine marketing bien rodée. Mon but n’est pas de décoder le modèle d’affaires ; cet article le fait très bien, avec une critique d’un point de vue masculin.

Pour une critique féministe du Pick Up Artist, mieux vaut se renseigner sur le web anglophone. Ainsi, d’après le Wiki de GeekFeminism, le Pick Up Artist est un membre d’une sous-culture masculine appelée « la Communauté de la séduction », qui apprend aux hommes des tactiques pour séduire les femmes. Celles-ci sont présentées comme des poupées hypersexualisées, compliquées mais manipulables, infidèles en amour, et interchangeables.

Ce business bien rodé exploite le malaise des hommes qui ne se sentent pas à la hauteur des injonctions patriarcales à la performance sexuelle et à la domination des femmes. Car les hommes souffrent aussi des contradictions du système patriarcal.

Le Pick Up Artist (PUA) crée ou avive le malaise des hommes ayant peu d’expérience sexuelle, pour mieux leur vendre des solutions à ce prétendu malaise : coaching, formations, livres…

Problème, cela se fait au détriment des femmes, présentées de manière dégradante par l’accumulation permanente de préjugés misogynes (en plus d’être hétérocentrés), et de photos de femmes objectivées et hypersexualisées.

Très concrètement, les femmes fréquentées ou ciblées par les clients de PUA sont directement mise en danger, car les techniques de « séduction » promues encouragent les comportements prédateurs.

Voici un exemple précis dénoncé depuis octobre 2012 sur un forum féministe puis sur le blog de l’Elfe :

Kamal Kay est l’un des PUA qui s’attaquent au marché francophone, voire français. Derrière le personnage fabriqué d’ancien loser timide devenu un séducteur charismatique se cache en fait SBK Coaching, une société opportunément enregistrée en Pologne, même si ses partenaires sont au Canada et en France.

Sur leur site Seduction By Kamal, cette page intitulée « Comment bien baiser : les 3 secrets du hard SEXE » constitue une apologie du viol et une incitation à la violence contre les femmes. Faut-il rappeler que le viol est un crime ?

Cette page est restée en ligne depuis mai 2012, soit 16 mois, malgré des signalements dans les commentaires sous l’article (publiés pour certains mais dénigrés ou ignorés). [EDIT : cet article a finalement été retiré et remplacé par un article soft le 6 septembre 2013, suite à notre mobilisation médiatisée. Une sauvegarde de l’article datant du 19 août est conservée ici]

Comme le dit Antisexisme, il s’agit de conseils pour violer une femme, et même d’une méthode pour violer une femme.

Extraits violents. Passons le laïus sur la puissance sexuelle et la domination naturelle de l’homme, et concentrons-nous sur les passages incitant explicitement à la violence physique contre les femmes, notamment au viol, et à l’humiliation :

« Montrez-lui qu’elle n’a pas vraiment le choix« 

« Attaquez sa poitrine »

« créer rapidement une image du mec qui sait ce qu’il veut et qui l’obtient quand il veut« .

« vous décidez […] tout est entre vos mains (ou vos cuisses devrais-je dire) »

« perdre tout contrôle de la situation est un « turn on » majeur pour les femmes ». (Alerte : mythe sur le viol)

« appliquez-vous à aller en profondeur et à ne stopper la cadence que quand VOUS le décidez ! Elle se plaint ? Pas pour longtemps ! C’est un phénomène naturel de rejet de l’autorité, mais une fois cette barrière franchie, elle s’abandonnera à vous et vous demandera de la défoncer ».

En utilisant les termes « rejet » et « barrière« , l’auteur reconnait explicitement que le non-consentement d’une femme doit stopper le rapport sexuel, mais invite ses lecteurs à n’en pas tenir compte, en prétendant qu’un NON se transformera en OUI enthousiaste. Se passer du consentement d’une femme, « c’est ça en fait la véritable notion du fameux BIEN BAISER ».

« Imposez votre puissance ».

« Donnez des ordres et soyez inflexible. Ne lui demandez pas gentiment si, éventuellement, vous pourriez avoir une fellation et éjaculer dans sa bouche… La décision est prise, retirez-vous et faites la descendre vers votre sexe afin d’affirmer votre posture. »

« Si seulement vous saviez combien de femmes rêvent de se faire démonter par un inconnu au chibre géant ». (Réponse : ZERO femme – 2ème alerte).

« Cette méthode est relativement efficace quand on rencontre une inconnue qui nous ramène chez elle. Si elle en arrive là, c’est sans doute parce qu’au fond, ce qu’elle veut, c’est tirer un coup. » (3ème alerte)

« Ne lui demandez pas si vous pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le ! »

« il vous suffit […] de laisser parler vos envies, sans vous restreindre. Prenez le contrôle du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par des coups de boutoir infligés. »

« ne vous refusez rien« .

Une page insoutenable, et pourtant les commentaires sont globalement enthousiastes.

Cette méthode de viol met en danger l’intégrité de toutes les femmes qui vont être prises pour cibles (ou l’ont déjà été) par des lecteurs influençables du site.

Sachant que ce site vise explicitement des adolescents parmi leurs segments de clientèle, des filles mineures sont directement menacées.

Si cette page vous répugne, je vous invite à la signaler :

  • au Gouvernement français : http://www.internet-signalement.gouv.fr. Il n’y a pas d’option « incitation à la haine misogyne », j’ai donc choisi l’option « menaces ou incitation à la violence » [EDIT : ce n’est plus nécessaire comme indiqué par @Alex_Le_Rouge : « le contenu que vous avez mentionné nous a été récemment signalé à de très nombreuses reprises« . Mais vous pouvez continuer à signaler la page aux autres organismes ci-dessous.]
  • à la Centrale Canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle des enfants sur Internet : https://www.cybertip.ca/app/fr/report. Option « Rendre accessible à un enfant du matériel sexuellement explicite« .

Si vous connaissez d’autres sites pertinents, pouvez-vous les indiquer en commentaires ?

Sollicités depuis octobre 2012, l’auteur de l’article, Jean-Baptiste Marsille alias JB, et le patron Kamal Kay ont refusé de retirer ou modifier cette page, persistant dans l’apologie du viol.

Or le succès affiché de leur affaire ne repose pas sur le charisme d’un ou deux PUA, mais plutôt sur une organisation très bien structurée d’entreprises partenaires. Ces entreprises se répartissent les rôles (et les profits) en fonction de leurs compétences.

Il est important de montrer à toutes ces entités économiques, impliquées dans un projet de collaboration commerciale commun, que la recherche du profit ne peut justifier une contribution même indirecte à la violence contre les femmes.

L’hébergeur du site est Mavenhosting, une entreprise canadienne. Compte tenu de son service strictement technique, il ne peut légalement être tenu pour responsable des contenus illicites qu’il héberge. Du moins tant qu’il n’en a pas connaissance. N’hésitez donc pas à porter à la connaissance de Mavenhosting le caractère violent et illicite de la page qu’ils hébergent, par ce formulaire de contact : https://www.mavenhosting.com/support-hosting.html.

En revanche, l’Agence CSV fournit un service de web marketing et de référencement sur Internet. Elle ne peut donc pas ignorer le contenu des pages ni la stratégie du site ou la cible visée. Cette agence basée en France appartient à Alexandre Chombeau. Lui aussi tire profit (en termes de revenus et de notoriété) de ce business gynocide qu’il est chargé de promouvoir. Voici d’ailleurs une interview de Kamal par Alexandre Chombeau : http://www.agence-csv.com/blog/kamal-le-seducteur-monetiser-blog-ebooks. Une interview complaisante qui expose le positionnement officiel de Seduction By Kamal, mais pas son réel business-model, fondé sur l’exploitation sexuelle des femmes et la manipulation psychologique des hommes en mal de virilité.

Grâce au travail d'Agence CSV, la méthode de viol en question est très bien référencée sur Google

Grâce au travail d’Agence CSV, la méthode de viol en question est très bien référencée sur Google (premier résultat sur la première page)

Le 16 août, j’ai donc pris contact en privé avec Alexandre Chombeau de l’Agence CSV pour me renseigner sur ses critères éthiques en matière d’apologie de la violence. Pour cela, je lui ai proposé de m’aider à promouvoir un site de promotion de la misandrie et l’apologie de la castration des hommes. Je n’ai pas eu de réponse jusqu’à la publication de ce billet…

Je vous invite donc aussi à écrire un courrier à l’Agence CSV, pour lui demander de soutenir mon projet (ironiquement, bien entendu) ou de refuser ses services à tout site qui fait l’apologie de la violence contre les femmes.

Voici ma lettre satirique à Alexandre Chombeau : Entreprendre sur le marché du sexisme.

Voici sa réponse, ainsi que celle de l’auteur de la page Jean-Baptiste, que j’ai gardée en souvenir, même s’ils l’ont effacée au bout de quelques heures : c’est un modèle de misogynie et de bingo féministe !
———

à lire sur la culture du viol :

– Le viol est une pratique banalisée et encouragée dans notre société qui entretient la culture du viol. Ce crime reste largement impuni grâce à l’intimidation des victimes, le sentiment d’impunité des agresseurs, et aussi un faisceau de défaillances de notre système judiciaire.

– L’apologie du viol sur Internet n’est que le reflet de ce que pensent les violeurs, et de leurs stratégies de viol, plus facilement assumées grâce à l’anonymat. Le fait qu’on les laisse s’exprimer sans retenue sur Internet est le corollaire du fait qu’on les laisse agresser les femmes hors d’Internet.

– Pour en savoir plus, deux séries d’articles très documentés d’Antisexisme, réalisés à partir d’études sociologiques : Les Mythes sur le viol, et Les Cultures enclines au viol.

– Et enfin des témoignages de survivantes de viols perpétrés dans le cadre de relations amoureuses ou de séduction : La Parade des violeurs est le Silence des violées. Un témoignage plus développé ici aussi : J’ai subi la « bonne baise » (viol) selon Seduction By Kamal.
———

à lire sur cette polémique (Seduction By Kamal, apologie du viol, réactions) :

– Résumé de cette polémique par ChaCha : L’incitation au viol, le sexisme, l’éthique et le SEO;  et par Sophie Gourion : PUA : quand un site de drague incite au viol.

– Si on dénonce l’apologie du viol, vous nous collez une étiquette de « puritaines » : le Prude Shaming n’est qu’un instrument de contrôle social des femmes, de leur parole et de leur sexualité.

– Mais si vous nous attaquez ainsi, nous contre-attaquons : ne sous-estimez pas les féministes ! #ToiAussiSéduisCommeKamal…

———

Captures d’écran ci-dessous (34 photos) :

  • copie de l’article faisant l’apologie du viol
  • commentaires enthousiastes de lecteurs sous l’article
  • quelques commentaires critiques ont été ignorés ou dénigrés
  • la seule réaction obtenue a été une lettre d’injures misogynes

Cliquez sur la première photo pour visualiser le diaporama en grand :

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