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Apologie du viol, Culture du Viol, Injures, Jean-Baptiste Marsille, Kamal Kay, Libérer la parole, Liberté d'expression, Paroles, Seduction By Kamal, Témoignages, Viol, Violences
Il y a quelques jours, je me suis indignée, comme tant d’autres femmes avant moi, de ce qu’un site commercial et ses partenaires puissent s’enrichir en faisant l’apologie du viol, sans être inquiétés. Tant que nos échanges avec l’auteur de l’article étaient restés confidentiels et polis, notre indignation avait été méprisée par le site.
Lorsque mon indignation s’est faite moins discrète et plus insolente, j’ai eu le droit à une réaction immédiate. Sept pages d’injures misogynes, pas moins, où deux des trois personnes interpelées se proposaient également de « d’élargir l’étroitesse de [mon]… esprit » (c’est à dire de mon vagin, puisqu’il s’agissait d’un sextoy). Un jeu de maux révélateur de l’état d’esprit de ces personnes en matière de respect de l’intégrité des femmes.
L’un d’entre eux a fini par gazouiller de vagues excuses, juste après avoir essayé de me manipuler en message privé, pour sonder à quel point ses menaces de poursuites avaient pu m’intimider (ou pas).
Le plus frappant dans cette lettre injurieuse reste néanmoins la manière dont les auteurs se sont particulièrement mis en avant, voire mis en scène. JB, l’auteur de l’article faisant l’apologie du viol, m’apprenait ainsi ses nom et prénom, et exhibait son parcours professionnel, sous son portrait souriant et presque sympathique.
Sur Internet en effet, les violeurs peuvent se vanter de leurs crimes sans être poursuivis.
Et ceux qui les encouragent se sentent autorisés à s’exhiber fièrement, même si l’apologie du viol constitue un délit.
Mais lorsque NOUS dénonçons le viol et l’apologie du viol sur Internet, nous sommes obligées de le faire anonymement.
Notre parole est muselée par la tolérance dont bénéficient les hommes violents sur Internet. Elle leur permet de confisquer les espaces d’expression publique pour étouffer notre voix. De nous humilier et de nous intimider pour nous réduire au silence. De diffuser des mythes sur le viol pour nous décrédibiliser avant même que nous racontions la vérité. De rire de la violence misogyne pour faire croire que celle-ci est socialement acceptable, garantissant ainsi sa perpétuation.
Conséquence de cette propagande, la dénonciation de la violence misogyne dérange plus que la violence elle-même.
Et VOUS, qui voulez-vous entendre sur Internet : la parole des violeurs (et de leurs complices), ou celle des survivantes de la violence ?
Vous ne pouvez pas rester neutre. Si vous ne vous prononcez pas contre les propos sexistes, vous nous condamnez au silence. Défendre la liberté d’expression des violeurs, c’est abolir la nôtre.
Outre la lettre d’injure, j’ai reçu d’autres réactions spontanées à mon article, en commentaires ou en message privé. Vous ne les avez probablement pas lues.
Les voici, pour que vous nous entendiez, pour une fois :
J’ai enfin compris les pratiques d’agressions sexuelles/viol conjugual que m’imposait mon ex-petit-ami. J’ai porté plainte contre lui pour viol, mais classé sans suite bien sûr , raison : il n’a pas reconnu « n’avoir pas respecté mon consentement. » J’ai l’impression que le discours proféré sur ce site n’est que le discours sous-jacent de toute une société. Au moins , on l’a là en clair et net. Franc, oserais-je dire ?
Je vais leur pourrir leur twitter , et signaler dès que j’peux, merci pour ces articles.
Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Merci de leur avoir envoyé ça.
Il m’est arrivé aussi d’être violée dans le cadre de mon couple, c’est à le légitimation de ce genre d’acte que renvoie cet article effectivement.
c’est important qu’ils sachent que nous sommes nombreuses, et je suis à 100% en accord avec Diké et vous. Je sais aussi ce que c’est que d’avoir été « baisée » comme ils le préconisent sur ce site, et je pense que je mettrai une grande partie de ma vie à m’en remettre 😥
J’ai subi un viol conjugal aussi et malgré l’absence de violence physique, c’était très déshumanisant, pour moi (objet) comme pour lui (monstre). Il ne veut pas admettre que c’était un viol, mais je pense qu’il a finit par comprendre (trop tard).
Merci pour vos messages et vos témoignages qui me touchent beaucoup. Je crois que nous sommes nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses, beaucoup plus nombreuses que ce qu’on oserait croire à être dans le même cas.
J’en ai déjà parlé avec d’autres femmes françaises à qui c’est arrivé et nous avons été abasourdie de voir à quel point nos vécus étaient concordants, et parmi ces concordances figurait l’absence totale de remise en question et d’empathie du partenaire.
Nos cas ne sont pas du tout « isolés ». Comme le prouve la bêtise conjuguée de Messieurs Chombeau et Marsille, qui étalent leur arrogance et défendent leur grossièreté et leur irrespect envers les femmes comme des droits inaliénables, il ne s’agit pas de cas cliniquement pathologiques sur lesquels nous avons eu le malheur de tomber par hasard. Je me rends compte de plus en plus à quel point ce mode ignoble de pensée est la conséquence directe de la manière dont on éduque traditionnellement les garçons dans notre société.
Et le résultat final, c’est nous, qui nous nous retrouvons là et qui osons enfin en parler, en osant à peine poser le vrai mot dessus (« viol », oui, « viol »), et à presque nous excuser d’être des humains, et donc des êtres qui mettent du temps à guérir des traumatismes infligés.
Moi aussi, je vais mettre très longtemps à m’en remettre complètement.Je vous embrasse toutes les deux, ainsi que toutes les concernées, et je vous souhaite un avenir plein de joie et d’amour,
Aurore
J’ai été victime de viol par le passé, je pensais l’avoir digéré et dépassé, mais en lisant pour la première fois en 2012 les « conseils pour baiser » de ce « Kamal », j’ai juste eu envie de pleurer et de hurler. Une période de flash-backs terribles ensuite. Quand il y a quelque jours, en 2013 donc, j’ai vu resurgir cette page que j’espérais voir disparaître… la tristesse et la colère… En tant que victime, c’est comme si je pouvais être à nouveau violée impunément sans cesse par ces individus. Depuis, les cauchemars sont revenus, et je ne comprends pas que la LOI n’intervienne pas pour interdire ces incitations à la violence contre les femmes, ces modes d’emplois pour violeur.
Toujours est-il que j’ai vécu, de l’autre côté de la barrière, la « bonne baise » selon ces messieurs « les séducteurs ». Non ça n’a pas été une bonne expérience. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée et honteuse. Mais Kamal ou J-B vont sans doute me dire que je devais savoir à quoi m’attendre, n’est-ce-pas ?
[…]
J’ajouterais aussi que ces sites de rencontre pourris font bien en sorte que nous les femmes, soyons traitées de la sorte. En effet, les hommes doivent payer, alors que c’est gratuit pour les femmes. Les hommes en veulent donc pour leur « dû ». Ils payent, ils exigent d’en avoir ce pour quoi ils ont payé : l’accès aux femmes, qui représentent la marchandise.
Ce témoignage est développé ici : J’ai subi la « bonne baise» (viol) selon SeductionByKamal.
Si tu veux publier un témoignage sur cette page, n’hésite pas à le faire dans les commentaires ou par ici.
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Cette page est destinée à libérer la parole des femmes qui n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer habituellement sur les violences qu’elles subissent. Seuls les témoignages et les messages bienveillants seront publiés : les commentaires qui défendent la propagande du viol tout en se permettant de juger les femmes violées ne seront PAS publiés (Pourquoi ? relisez le billet).
Pour débattre au sujet de la liberté d’expression de manière respectueuse, n’hésitez pas à commenter d’autres billets liés, notamment celui-ci.
Sylphe a dit:
Cette affaire parmi beaucoup d’autres illustre à quel point nous vivons dans une société barbare, ultra misogyne et violente envers les femmes. Les violeurs tuent des milliers de femmes par an, le viol permet de maintenir dans la terreur et la soumission la totalité des femmes, garantissant ainsi la domination et les privilèges de tous les hommes sur les femmes. La condition féminine n’a pas changé depuis des millénaires. Les multiples apologies du viol à travers internet, l’immense majorité des pubs, émissions, chansons, livres, films etc démontrent à quel point les viols sont massifs, et combien les hommes haïssent les femmes. Et il existe réellement des gens qui s’imaginent que les violeurs ont le moindre risque d’aller en prison !
Diké a dit:
Je suis comme toi et je ne supporte plus non plus de voir cette culture du viol omniprésente dans tous les aspects de notre vie : matérielle, culturelle, sociale, etc. Et surtout, c’est la même chose dans tous les pays, de l’Inde aux Etats-Unis en passant par la France : les mêmes mécanismes de culpabilisation des victimes, d’exonération de la responsabilité des violeurs, et de travestissement d’agressions sexuelles en actes de séduction ou d’échanges amoureux.
Ismène a dit:
J’ai eu la chance de n’être jamais violée mais ça a été le cas de plusieurs femmes de mon entourage et elles ne se sont confiées qu’à des proches ou des psys. Trop dur de parler ouvertement de ça, elles n’osent même pas employer le mot viol, comme si elles étaient coupables ou salies. Cela fait mal au coeur de constater que l’inversion persiste, on vit vraiment dans un monde pervers orwellien, les victimes sont considérés comme coupables, les coupables se vantent ou se posent en victime, écœurant.
Diké a dit:
Orwellien, c’est tout à fait ça ! J’ai déjà évoqué l’idée dans une petite ode aux masculinistes violents : Complainte de l’homme qui faisait le pied de grue
ChaCha a dit:
A reblogué ceci sur Rien Sur ChaCha and commented:
ne les laissons pas nous museler !
Stéphanie a dit:
Je viens de me faire dire par une connaissance que c’était bien fait pour moi que j’aie vécu une mauvaise expérience sexuelle car je couche trop vite…ou comment avoir intégré la culture du viol. C’est toujours la faute de la victime…qu’elle porte une jupe, couche trop vite, soit trop vulgaire, gnananananaa…C’est incroyable..comme si coucher six mois après aurait changé quelque chose au comportement violent du mec qui m’a violentée…ça me fatigue…Depuis enfant et mon abus sexuel, on me répète que c’est de ma faute…Je ne cèderai jamais. Ca n’est pas de ma faute! L’agression vient toujours d’un agresseur…
Diké a dit:
Quel manque d’empathie et quelle bêtise coupable ! C’est dingue qu’il y ait autant de gens pour prendre la défense des violeurs. Ce soir je viens d’apprendre qu’un gourou influent et protégé en Inde est sur le point d’être arrêté pour agression sexuelle d’une mineure qui était censée être sa patiente (opportunément diagnostiquée comme possédée par des démons).
Et bien, il y a 6 mois, à la suite du viol collectif d’une étudiante indienne qui a choqué le monde entier, ce même violeur avait défrayé la chronique en affirmant que la victime, Jyoti Singh, était aussi coupable que ses agresseurs car elle ne les avaient pas appelé « mes frères » !
Comment bien préparer et entretenir le terrain pour accomplir ses propres crimes sans être inquiété… Les discours minimisant la responsabilités des violeurs ne sont pas anodins.
titeuf a dit:
un jour j’ai fais connaissance d’une fille dans un bar, après plusieurs rdv, nous avons parlé de nos sentiments personnels, elle sortait d’une rupture, elle m’a confié que par tristesse elle avait fait une bêtise de coucher avec un dj (sans prévenir qu’il était marié), elle se sentait sali, aujourd’hui je sais qu’elle n’est pas tombé sur un gentlemen, qu’il utilisait son statu pour faire céder et non séduire, il a même réussi a la faire passer une ‘saloppe’, j’ai fini par comprendre qu’il existe beaucoup de piéges pour la gente féminine et qu’elles ne sont pas si libre que cela, je lui ai montré qu’il existait des hommes qui savent qu’une relation sexuelle est la plus belle chose lorsqu’elle est en harmonie avec de vrais sentiments, cela fait 20 ans que je suis avec elle, un enfant et marié. Une pensé au femme qui passe entre les mains d’hommes qui n’ont que pour vocation de les salir, d’en faire des objets… viol par surprise….
Pingback: Poire le violeur : quand « séduire » devient « faire céder » | Les Questions Composent
Anonyme a dit:
Bravo Diké pour vos écrits et votre blog.
Il faut absolument passer d’un état culturel où l’on exige de la victime qu’elle prouve qu’elle n’a pas donné son consentement à une situation où c’est au criminel de démontrer qu’il a véritablement recherché celui-ci.
Il ne doit pas toujours être facile d’être une femme, mais sachez que des hommes se battent aussi (anonymement) à vos côtés pour faire progresser notre culture encore très archaïque autour du féminin.
Continuez ainsi, je vous encourage.
Un anonyme.