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Sur le site Seduction By Kamal (SBK), un article intitulé « Comment Bien Baiser » encourage les hommes à violer les femmes. L’auteur, Jean-Baptiste Marsille, y accumule des mythes sur le viol et l’absence de valeur du consentement, ainsi que des amalgames toxiques entre sexualité et violence érotisée. Il se fait ainsi l’avocat des violeurs et encourage d’autres hommes à le devenir.
Voici à présent le point de vue des violées : témoignage et analyse d’une femme qui a subi un viol dans ces conditions.
Elle dénonce aussi l’industrie des pick up artists, mais aussi des sites de rencontre, qui exploitent et promeuvent la culture du viol à des fins mercantiles.
[Edit – 10-09-13 : ce texte est la propriété de la personne qui l’a écrit. Nul ne peut le reproduire sans son autorisation (que vous pouvez demander par mon intermédiaire)].
Mon violeur est un jeune homme de 26 ans, doctorant en électronique et ingénieur diplômé d’une grande école. Bref, sans doute la fierté de Papa-Maman. De ce que je sais de lui, il semble issu de la bourgeoisie.
C’est arrivé il y a juste quelques mois. C’était la première fois que j’allais sur un site de rencontre… Sur le site, c’est le seul qui ne m’a pas paru trop «Kéké» (pas du tout même) et qui semblait intéresser par tisser des liens aussi amicaux (il disait qu’il était nouveau et voulait rencontrer du monde). C’est aussi le seul à avoir commencé à discuter tranquillement, sans me demander de photo ou à quoi je ressemblais.
Quand j’ai fait sa connaissance au bar « Chez Félix », il m’a fait un peu penser à un mix entre Sheldon Cooper et Raj, de Big Bang Theory. Timide, très inhibé, passionné de sciences, un peu crispé… il avait l’air vraiment inoffensif quand je l’ai rencontré, et plutôt gentil. Personne en le voyant ou en discutant avec lui au quotidien ne pourrait le prendre pour un violeur. PERSONNE. Il m’avouera plus tard avoir extrêmement du mal à parler de sexualité et a employé de simples mots comme « pénétration », « clitoris », etc. Typiquement, il devait entrer dans la cible de SBK : inexpérimenté, sans doute puceau, nul « pour la drague », probablement mal dans sa peau, etc.
Au milieu de la conversation, il m’a soudainement embrassée. Ça ne m’a pas déplu. Je lui ai proposé de venir chez moi, avec une idée en tête : coucher avec lui.
Sur le chemin, il s’est fait brutal dans ses manières, s’agrippant avec force à mon corps, m’embrassant violemment. Bizarrement, ça me laissait assez indifférente : derrière la passion feinte, tout était mécanique. Je n’ai pas pressenti le danger. Il faut dire que j’ai eu plusieurs partenaires sexuels et plusieurs fois des relations sexuelles avec des hommes que je connaissais peu. Je n’ai jamais eu de problèmes. De plus, j’étais dans une très bonne période, en mode un peu «bisounours» et aimant tout le monde.
Quand nous sommes rentrés dans ma chambre, tout a basculé. Une chose effrayante m’a beaucoup marquée : jusque là, il avait un regard doux ; une fois passé le seuil de ma chambre, son regard s’est durci, très fortement. Ce regard, je n’oublierai jamais.
Ce qui a suivi a été une suite d’humiliations sexuelles… Des ordres (« fais moi une fellation », « A quatre pattes ! »), des actes dégradants (me tenir et pousser fermement la tête pour que je le suce), puis finalement une pénétration vaginale contre mon consentement. Tout cela a donné une atmosphère pornographique particulièrement sordide, à un moment que je voulais agréable et bienveillant. Jamais il ne s’est soucié de ce que, moi, je voulais ou ne voulais pas. Au bout de 20 minutes, j’ai enfin réussi à mettre fin à tout ce cirque, mais ça m’a paru interminable.
Je connais plusieurs femmes qui m’ont dit – parfois en pleurs – avoir obéi automatiquement à des hommes qui leur donnaient des ordres sexuels. C’est ce qui m’est un peu arrivée au début, avant que je me ressaisisse. Je ne me l’explique toujours pas. Peut-être le fait qu’on nous apprenne à toujours être gentille, conciliante, serviable ? Dans tous les cas, pour elles, comme pour moi, ce fut extrêmement violent. D’où l’importance du désir et du consentement enthousiaste. Céder n’est pas consentir.
J’ai souhaité, avant qu’il ne parte, en discuter avec lui. Il m’a répondu de manière froide, méprisante, sans même me regarder : « Je n’ai pas envie de bavasser dans le vide ». Et il s’en est allé.
Je me suis retrouvée alors seule, avec juste mes larmes pour pleurer.
Ce jour là, j’ai vraiment compris que violences sexuelles et sexualité n’ont rien à voir. De loin, de l’extérieur, ça se ressemble, mais c’est de nature opposée. Avec tous mes partenaires précédents, expérimentés ou inexpérimentés, connus depuis des années ou depuis seulement quelques heures, j’avais réussi à crée une connexion, charnelle et sensuelle. Là, tous les actes de mon violeur étaient froids, mécaniques, dépourvus de signification. Décidément, avoir une relation sexuelle, ça n’a rien à voir avec le fait d’être utilisée sexuellement comme une poupée gonflable. Je voulais avoir une relation intime, du plaisir, partager quelque chose… pas subir un viol !
Par la suite, j’ai un peu échangé avec lui par mails… Il ne m’a pas forcée, m’a-t-il dit. Pourtant il est rentré sans toquer, si je puis dire, et il m’a pris la tête pour m’obliger à le sucer. Heureusement je me suis dégagée… mais si j’avais été paralysée par la peur (ce qui aurait été le cas il y a quelques années), en aurais-je eu la force ? Je ne pense pas. Tout comme je n’aurais jamais pu arrêter la pénétration. Heureusement que j’avais déjà lu des articles féministe sur le viol au moment où ça m’est arrivé, qui m’ont permis de l’arrêter. Trop tard , sans doute, mais je suis persuadée qu’il y a quelques temps, je n’aurais pu rien faire du tout.
Comment aurai-je vécu ça, il y a quelques années ? Imprégnée d’idées sexistes et de haine de moi-même, j’aurais sans doute culpabilisé, ressenti de la honte, et je me serais sans doute dit « c’est tout ce que tu mérites ! Il t’a traitée comme ce que tu es : une salope et un déchet ! ». Ca m’aurait sans doute détruite d’avoir été traitée de manière aussi humiliante. Avec mes idées féministes et le soutien de mes amies, j’ai pu aller de l’avant !
Par mail, il m’a aussi dit que pour lui aussi, « ça avait été dur » et qu’on était tout simplement « incompatibles sexuellement ». Balivernes ! ! ! PERSONNE n’aime être utilisé sexuellement. Certaines femmes aiment les jeux de domination et les trips SM, mais il s’agit de jeux de rôle qui miment la violence et la domination, dans un cadre consenti. Rien à voir avec ce que j’ai vécu.
Et pourquoi il dit que cela a été dur pour lui ? Parce que je n’ai pas apprécié d’être traitée comme un objet à sa disposition ? Ca, c’est la meilleure ! C’est aussi à ce moment là qu’il m’a confié que c’était très dur pour lui d’écrire ces mails car il fallait parler de sexualité.
A-t-il lu l’article de Jean-Baptiste Marsille sur « Comment bien baiser ? » ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, il a suivi ses conseils à la lettre. Il m’a donné des ordres. Il m’a fait descendre vers son sexe pour que je le suce, il ne m’a pas demandé s’il pouvait me pénétrer. Il m’a baisée comme une « fille de joie », sans jamais se soucier de ce que je voulais ou ressentais (et entendons-nous bien : je pense qu’aucun être humain ne mérite ça, y compris contre de l’argent). Il m’a montré que je n’avais pas le choix, ça oui !
Il a pu aussi très bien apprendre ces conseils en s’abreuvant de porno. L’article sur le site de Séduction by Kamal n’est qu’une transcription de ce que l’on voit dans ces films.
Toujours est-il que j’ai vécu, de l’autre côté de la barrière, la « bonne baise » selon ces messieurs « les séducteurs ». Non ça n’a pas été une bonne expérience. Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée et honteuse. Mais Kamal ou J-B vont sans doute me dire que je devais savoir à quoi m’attendre, n’est-ce-pas ? Soit parce que je suis une salope (j’ai invité un quasi-inconnu dans ma chambre) soit parce que je suis une coincée du cul (je n’ai pas su apprécier « la bonne baise »). Sachez messieurs les pick-up artists que personne n’aime être traitée comme de la merde, y compris les femmes. Aussi étonnant que cela puisse vous paraître, ce sont des personnes comme vous, pas les créatures mystérieuses qu’on vous décrit, qui aimeraient qu’on les contrôle ou qu’on les dénigre.
J’ajouterais aussi que ces sites de rencontre pourris font bien en sorte que nous les femmes, soyons traitées de la sorte. En effet, les hommes doivent payer, alors que c’est gratuit pour les femmes. Les hommes en veulent donc pour leur « dû ». Ils payent, ils exigent d’en avoir ce pour quoi ils ont payé : l’accès aux femmes, qui représentent la marchandise.
Voilà, j’ai rien à rajouter… mon violeur était un garçon de bonne famille, consciencieux dans sa thèse, pas un taré au coin de la rue qui vous attaque au couteau. Il ne ressemble pas à un monstre, c’est juste un mec lambda, qui a oublié – comme la masculinité l’exige – comment on ressentait de l’empathie pour autrui.
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à lire aussi : La Parade des violeurs est le Silence des violées
Si tu veux publier un témoignage sur cette page, n’hésite pas à le faire dans les commentaires ou par ici.
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Cette page est destinée à libérer la parole des femmes qui n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer habituellement sur les violences qu’elles subissent. Seuls les témoignages et les messages bienveillants seront publiés : les commentaires qui défendent la propagande du viol tout en se permettant de juger les femmes violées ne seront PAS publiés (Pourquoi ? Parce que).
A reblogué ceci sur Rien Sur ChaCha and commented:
à lire car cela colle parfaitement avec la polémique actuelle et l’apologie du viol pour que la « virilité de ces messieurs puisse s’épanouir ».
Merci pour ce témoignage, qui permettra peut-être aux personnes les plus imprégnées de la culture du viol, de se représenter en quoi cet article, ses arguments, les représentations qu’il reprend et véhicule sur les femmes et « leur » sexualité (et non leurS, puisque l’article insinue que toutes les femmes /ou tous les hommes/ seraient identiques dans leurs désirs et leur expression) constitue réellement une incitation au viol, même si ce n’était pas la volonté de son auteur (manquerait plus que ça).
Bravo pour tes réactions, et ton auto-bienveillance.
Je te souhaite le mieux pour la suite.
Merci à vous, ça fait toujours plaisir d’avoir des messages bienveillants
Merci beaucoup pour ce témoignage, Diké et surtout la jeune femme qui a si bien raconté son calvaire.
C’est « drôle », moi aussi mon violeur était un jeune homme de 26 ans, scientifique, intelligent, plutôt bien intégré socialement, qui ne m’a pas harcelée illico avec la bagatelle. Moi aussi j’étais partante pour une relation sexuelle au début, jusqu’au moment où… tout a dérapé.
Sauf que je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Et j’étais comme tu décris ce que tu aurais été si tu n’avais pas lu des articles féministes sur le viol avant : incapable de mettre un mot sur ce que j’avais vécu, pensant que c’était ma faute (je n’ai pas dit assez fort et assez répété « arrête, s’il te plaît ! » et plus « plus doucement », c’est donc ma faute, me disais-je), pensant que j’étais anormale.
C’était mon premier rapport sexuel. J’ai mis la douleur et les flots de sang sur le compte de la « première fois », la défloration sanguinolente traditionnelle. J’ai cru que c’était « normal ».
Et je suis restée plusieurs années avec lui. Ça ne s’est guère amélioré (mais il me disait qu’il n’avait ja-mais eu le moindre problème de ce côté-là avec ses ex). Lui non plus ne parlait pas de sexe : il faisait. Et il faisait façon « Comment bien baiser, par Kamal ».
😥
De tout cœur avec vous… Être en couple avec un type pareil, ça doit être très dur. Tout mon soutien.
Vous n’avez jamais entendu la chanson « La Fiancée » de Serge Lama ?
S’il vous plaît, écoutez-la.
Bonjour,
Je suis ravie de voir que les idées féministes font leur chemin… Car il est très dur dans de telles situations d’accepter de dire « non » à tout ça, en particulier quand on a déjà mis le doigt dedans !
Mais notre éducation, à la fois de façon explicite mais aussi (et surtout !) implicite favorise de la part des femmes dans une telle situation un comportement où on « accepte » et où on attend que finalement, ça s’arrête.
Comment peut-on penser que ça puisse plaire à quelqu’un de nier son consentement ? Voilà une question qui me taraude et à laquelle je n’ai toujours pas de réponse.
« Mais notre éducation, à la fois de façon explicite mais aussi (et surtout !) implicite favorise de la part des femmes dans une telle situation un comportement où on « accepte » et où on attend que finalement, ça s’arrête. »
Oui je pense aussi !
Ta phrase « Ce regard, je n’oublierai jamais. » m’a marquée, moi aussi je me souviendrai toute ma vie du regard de mon violeur. j’essayais de lui dire de me regarder dans les yeux, d’ailleurs, pour lui rappeler que j’étais un être humain, mais il évitait. Ses yeux brillaient de convoitise et d’autre chose impossible à d’écrire, qui fait froid dans le dos.
Il m’a violée il y a quelques mois, après des années de vie commune, un soir où j’avais dit non. C’est mon mari.
Lui aussi était persuadé que j’allais aimer ça, mais ne s’est absolument pas soucié de ce que je ressentais. Lui aussi a trouvé ça « dur » après coup…
Contexte très différent mais expérience similaire. Rien à voir avec le fait de ramener un inconnu chez soi, bien entendu.
Gros gros soutien à toi !
Quelque part, c’est un peu cliché mais c’est parfois vrai que « le regard est le miroir de l’âme ».
Il y a eu quelquefois le regard de totale indifférence : il faisait quelque chose qui me glaçait (par exemple, faire vibrer le lit alors qu’il y avait du monde dans la maison), ça me sapait toute mon envie déjà un peu forcée et grandement angoissée, alors je lui demandais d’arrêter de le faire, puis de tout arrêter tout court, et il continuait ses va-et-vient en me fixant en silence, parfois avec un léger sourire aux lèvres, mes hanches agrippées pour m’empêcher de bouger.
Mais généralement, c’était l’absence de regard, le regard fuyant qui s’arrangeait toujours pour ne pas croiser le mien.
Il y a eu la fois où il s’est appliqué à écarter mes jambes pétrifiées. Je n’arrivais plus à bouger, mais mon corps n’était pas mou et malléable, il s’était endurci, comme si mon inconscient m’avait transformée en pierre pour me protéger de ce qui lui avait fait mal des dizaines de fois. Je n’arrivais pas à parler non plus, mais je me disais « il va regarder mon visage, et il va me voir, il va voir que quelque chose ne va pas, il va arrêter ». Mais non, il évitait soigneusement de regarder mon visage, et me faisait des reproches sur le ton de l’humour sur mon manque de souplesse. Il a fini par m’écarter les cuisses en appuyant ses coudes sur mes genoux, parce que la force de ses mains n’était pas suffisante tellement mes jambes étaient statufiées. Il n’a pas regardé mon visage une fois, il a fait son affaire.
Et ce que j’avais décidé d’oublier, de « pardonner », mais qui ne s’est pas effacé, les soubresauts frénétiques en moi, qui me faisaient mal, et je demandais d’une petite voix « plus doucement », « arrête », et puis j’essayais de le pousser mais je n’y arrivais pas. Lui ne répondait pas, perdu dans son plaisir comme un fanatique dans sa transe, la tête renversée en arrière, les paupières fermées, les lèvres entrouvertes, émettant avec un tout petit gémissement qui serait pathétique s’il ne venait pas de la jouissance puisée dans la douleur de mon vagin à la fourchette légèrement déchirée et qui saignait.
Je me souviendrai toujours de ce visage aveugle, contorsionné et presque halluciné de ma fort romantique « première fois ». Heureusement que je lui avais demandé avant, explicitement, d’être doux.
Et quand il s’est effondré sur moi après avoir éjaculé, il a réussi à me murmurer « Je t’aime. »
Il m’avait promis d’être doux et il me répétait « Je t’aime ». J’avais les jambes qui tremblaient comme des feuilles, mais il ne s’est pas posé de questions. Je n’ai pas compris ce qui m’était arrivé, mais je n’ai pas réussi à oublier.
« Bernard, ce garçon au regard désert […] ! Il était enfermé dans son plaisir comme ces jeunes porcs charmants qu’il est drôle de regarder à travers la grille, lorsqu’ils reniflent de bonheur dans une auge ( « c’était moi, l’auge », songe Thérèse). »
François Mauriac, « Thérèse Desqueyroux », 1927, chapitre 4
Merci pour toutes tes références musicales et littéraires… Elles sont comme un baume à la fois doux et douloureux.
« J’ai souhaité, avant qu’il ne parte, en discuter avec lui… »: Je ne sais pas si c’est une façon d’étouffer sa crainte que de faire ça, ou une façon de reprendre contact avec le violeur en qui on espère retrouver l’humain derrière pour le rendre moins terrible… ou les deux. Mais ça me semble être, pour soi au moins, puis pour l’autre, une bonne façon d’essayer de briser le mythe terrible que l’on vient de vivre.
Sur le coup de cette lecture, ça ma paru être la preuve d’une grande présence d’esprit.
Bonjour Franck, merci pour votre message sympathique. Cela témoigne effectivement du courage de cette femme, de même que le fait d’avoir pris le temps d’analyser et de partager tout cela avec nous, dans un but pédagogique.
Merci Franck pour ce commentaire !
« une façon de reprendre contact avec le violeur en qui on espère retrouver l’humain derrière pour le rendre moins terrible »
En effet, c’est ça qui m’a poussé à tenter un dialogue… Jusqu’au bout, j’ai cru pouvoir retrouver un peu d’humanité en lui. En fait tout le long de mon calvaire, j’ai tenté de reprendre le contrôle de la chose, de la « rattraper », en me persuadant qu’il s’agissait de maladresses… jusqu’à la pénétration vaginale non consentie où là je me suis « réveillée » en me disant que je ne pouvais rien espérer. J’ai réussi alors à poser mes limites.
Bref, j’ai été trop naïve, je pense, et sans doute victime des mythes sur le viol aussi. (puisque ne correspondant pas du tout au profil-type des violeurs) Il m’avait paru tellement inoffensif au départ que je n’ai pas tout de suite réalisé ce qui m’arrivait. Il a changé d’attitude tellement rapidement que j’en été déboussolée. Et c’est ça qui a fait que je n’ai pas réussi à me défendre 😦
Finalement, j’ai discuté un peu par mail après « l’incident » (c’est lui qui m’a contacté après que j’ai publié sur mon profil du site de rencontre un énorme cri de rage qui en fait lui été adressé) …
Je dirais pas que ça a été super positif : je n’ai eu aucune excuse, le type n’a jamais reconnu qu’il avait été violent et je trouve même qu’il s’est carrément foutu de ma gueule à certains moments (quand je lui ai par exemple dit qu’il m’avait tenu la tête et que c’était ignoble, il m’a répondu qu’il m’avait caressé les cheveux O__o ). Mais, au final, ça m’a fait du bien car j’ai pu exprimé mon ressenti. Et j’ai quand même eu l’impression qu’il y a eu un petit début de remise en question, ou alors d’inquiétude de sa part. Par ailleurs, comme j’attendais vraiment pas grand chose de ses réponses, et même si elles étaient très loin d’être satisfaisantes, je les ai trouvé beaucoup moins odieuses que ce à quoi je m’attendais. Bref, j’ose croire (un peu, pas trop) à un début de remise en question de sa part, et que peut-être il ne recommencera pas. Mais je suis peut-être trop optimiste… En même temps, c’est la seule note d’espoir à laquelle je peux me raccrocher.
Ceci dit, a priori, je ne conseillerais pas forcément à une victime d’essayer de communiquer avec son agresseur. Je pense que ça peut être extrêmement destructeur, surtout si la victime attend des excuses, une remise en question, etc (ce qui est absolument normal ! moi-même, même si je n’espérais pas grand chose, je gardais ce micro-espoir en moi). J’ai eu assez de « chance » à ce niveau-là, mais je pense avoir un peu jouer à la roulette russe en décidant de continuer de communiquer avec lui. J’aurais été encore plus détruite s’il m’avait envoyé à la figure des trucs vraiment horribles.
Salut…
Si je peux me permettre, et c’est la raison pour laquelle je ne voulais pas trop m’avancer en parlant de « présence d’esprit » tout à l’heure, je comprends la logique (et encore une fois, spontanément je la salue) dont tu parles. Le pourquoi entrer en contact avec lui, pourquoi avoir parler avec lui après ça.
Mais – je pense à cela spontanément, hein – peut-être que justement, comme tu le dis toi-même, le fait d’entrer en contact avec sont violeur comporte des risques (dont tu parles, notamment au niveau de notre propre santé mentale) mais aussi, peut-être celui de ramener l’acte à quelque chose de moins affreux.
Je veux dire… Je me suis fait la reflexion déjà: il me semble qu’une des grosse difficulté avec le problème des viols, c’est qu’ils sont factuellement presque toujours (… pour ne pas dire toujours!!!) plus insidieux que ce que l’on crois. C’est, de ce que j’ai pu remarqué, le plus souvent amené de façon moins catégorique que l’image qu’on en a. Et la grande difficulté aujourd’hui est de faire prendre conscience aux hommes ET aux femmes que l’image qu’on a du viol est fausse (la ruelle sombre, le mec avec un couteau tout ça…).
Alors peut-être que (je me permets de faire part de ma reflexion sans tirer de quelconque conclusion à ce sujet, j’insiste) l’un des danger dans le fait de communiquer avec son violeur sur l’instant n’est-il pas de rendre l’acte moins insoutenable et – de fait! – de trouver plus difficilement la force de réagir sur l’instant comme toi tu as fini par le faire?
Sauf que je pense aussi que quelque soit la méthode utiliser, si une victime trouve une quelconque façon sur l’instant ou après, de rendre son agression plus supportable, peut-on lui reprocher d’en user?
Enfin bref, là où je veux en venir depuis tout à l’heure, et c’est pour moi ce qui marque le virage dans ton agression, c’est qu’à un moment dans ta tête, quelque soit la situation, quelque soit la douceur avec laquelle la situation a changé, à un moment précis tu n’as plus cherché à analyser quoique ce soit, et tu as juste regarder ce qui était entrain de se passer. Je suppose que ça peut aider cette présence d’esprit pour réagir (dans le cas où on en serait capable). Parce que j’ai l’impression que parfois à force de ne pas avoir où ça a dérapé, on repart de chez quelqu’un avec la peur au ventre sans réaliser d’où elle est venu.
Bon, j’arrête là mes commentaires.
En tout cas c’est un témoignage très intéressant.
Merci.
Bonjour,
Il y a quelques mois une copine m’a dit qu’elle avait été violée, il y a de cela 6 ans. J’étais une des premières personnes à qui elle le disait, alors que j’étais un simple copain qu’elle connaissait à peine (mais elle m’a probablement dit cela car je lui avais dit que j’avais été violenté et maltraité dans mon enfance). Elle avait reparlé par mail au violeur, ça l’avait un peu aidé, mais elle vivait très mal le fait que celui-ci ne sera jamais inquiété par la justice malgré ce qu’il a fait. Elle avait consulté une psychologue et celle-ci lui avait appris qu’elle était dans le déni, car elle était incapable de se souvenir. Elle ne l’a jamais dit à personne dans sa famille. Elle préférait vivre comme s’il ne s’était rien passé. Pourtant ça la marque beaucoup, elle n’aime pas se retrouver dans un lieu sans femme ou sans personne en qui elle a confiance de peur que ça recommence, ou encore dans ses études perd systématiquement tous ses moyens lorsqu’elle a un oral avec un professeur car elle retrouve la position dominant/dominée (donc échec universitaire, elle redouble depuis des années). Et même dans la vie de tous les jours, ça se ressent beaucoup qu’il y a quelque chose d’anormal en elle. Je pense que ça prouve (mais ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde), qu’on ne peut pas faire comme s’il ne s’était rien passé, qu’on n’y arrive pas.
Je lui ai conseillé, et j’en profite pour le redire sur ce site aux femmes qui ont été violées, que même si je ne suis pas du tout psychologue, pour moi il ne faut pas hésiter à en parler. Car (toujours selon moi) à chaque fois que vous en parlerez, vous vous réapproprierez votre corps, vous ne serez plus poursuivies par le passé, vous ne serez plus bâillonnée, c’est vous qui gagnerez contre la loi du silence, vous relèverez la tête, vous reprendrez confiance en vous.
En parler à qui ? Je suis tenté de dire à qui vous le souhaiterez. Je ne pense pas qu’il y ait un type de personne à qui cela ne produira jamais d’effets positifs, même si comme dit dans les commentaires il y a des risques à recontacter le violeur. Mis à part ce cas donc, je pense qu’il est toujours bon d’en parler : aux médecins, aux personnes de collectifs feministes ou de femmes violées, aux amis, petits-amis… et pourquoi pas à la famille ? Car vos amis, petits-amis, membres de votre famille… ont sûrement remarqué qu’il y avait quelque chose de changé en vous (dans le cas de ma copine à son âge en temps normal on ne fait plus d’études, surtout qu’elle redouble depuis au moins 5 fois), ou encore vous devez faire semblant que tout est normal même avec vos intimes, vous n’avez donc plus de « chez vous » (ce qui est insupportable). Je comprends qu’on ne veuille pas en parler à nos proches car l’on pense que ça pourrait les faire souffrir. Cependant, si j’étais père et que ma fille se faisait violer (ou petit-ami, ou ami…), je serais plus (+) content de l’apprendre que de ne rien savoir car :
– je pourrais tenter de l’aider.
– elle et moi n’aurions plus à faire comme si rien n’avait changé dans sa conduite, ou comme si tout était normal (alors que dans son cas, ça sautait aux yeux de tous qu’il y avait quelque chose d’anormal en elle).
– elle serait soulagée de son secret, je serai soulagé de savoir ce qui pouvait lui causer tant de maux. Car oui, il est probablement faux de croire que de ne pas en parler à nos proches pour ne pas leur faire du tord est mieux pour eux, car ils peuvent souffrir de vous voir anormale.
– je pourrais mieux la comprendre (dans le cas de la copine dont je vous ai parlé, pourquoi elle redouble depuis des années), lui demander pardon pour des remarques que j’ai pu lui faire, ne plus faire certains reproches… ce qui l’aidera.
Voilà ce que je voulais vous dire, j’espère que ça peut aider. Je vous témoigne toute mon affection.
Au passage merci aussi pour aux personnes qui témoignent, vos témoignages sont importants pour tout le monde.
Justin,
Je pense que vous avez raison : il faut en parler. Je ne sais pas comment j’aurais pu vivre si je n’avais pas réussi à en parler.
Mais le danger est le suivant : les réactions négatives, qui sont ultra ultra destructrices. Quand ça m’est arrivée, j’en ai parlé à deux amies, elles ont été hyper gentilles, chaleureuses, compréhensives, attentives. Ca a été très important pour moi.
Mais depuis que j’ai publié ce témoignage, je vois plusieurs réactions négatives.
Des gens soulignent que je l’ai bien cherché, que j’ai joué à la roulette russe, qu’il ne fallait pas faire venir d' »inconnu » chez soi (au passage, j’avais quand même discuté plusieurs heures avec lui, et je suis certaine que le connaître mieux n’aurait pas permis de deviner qu’il était violent).
D’autres ont dit que j’étais une salope et que donc le comportement du mec était « normal » !!! (ce qui me fait assez « rire » étant donné qu’en général je suis qualifiée de « prude ». J’ai souligné que j’avais eu plusieurs partenaires sexuelles (>3) pour montrer que jusque là j’avais été « chanceuse », pas pour souligner que j’étais « ultra expérimentée » ! LOL. Mais tout de suite les gens s’imaginent que plusieurs partenaires sexuelles = des dizaines et des dizaines. C’est assez cocasse. Ils classent les femmes en deux catégories : prude ou salope. On ne peut pas être juste un être humain entre les deux.
Enfin, je viens de lire ce matin, sur un groupe féministe (!!!) de Facebook qu’en gros, si on ne dit pas « non », ben ça veut dire « oui ». En gros, le corps des femmes est « ouvert à par défaut ». Ce qu’il ne faut pas lire. Au passage, j’avais signalé à mon violeur que je ne voulais pas de pénétration. Trente secondes après, il rentrait pas surprise. Mais ça ne change RIEN : il n’y a pas de « consentement par défaut » !
J’ai aussi lu que comme j’étais « expérimentée » (lolilol) je n’ai pas pû être « sidérée » et que j’aurais dû savoir me défendre !!
Bref, la « liberté d’expression » de tous ces gens qui colportent des mythes sur le viol ( http://antisexisme.net/2011/12/04/mythes-sur-les-viols-partie-1-quels-sont-ces-mythes-qui-y-adhere/ ) et donc soutiennent les violeurs font que les victimes ont dû mal à l’exprimer. Et encore, je me suis exprimée sur un blog (pas Rue89 ou un autre gros site) et j’ai demandé à Diké de bien vouloir filtrer les commentaires car je ne supporte pas qu’on me culpabilise, qu’on me dise que je n’avais qu’à, que je n’ai pas été violée, etc ! Merci Diké 😀
Tant que les violeurs seront « excusés », les victimes se terreront dans le silence, et auront honte, pendant que les agresseurs donneront des conseils pour violer sans problème (cf Jean-Baptiste Marsille). Il faut lutter contre ces préjugés.
« Ils classent les femmes en deux catégories : prude ou salope. On ne peut pas être juste un être humain entre les deux. »
Au passage, je ne crois pas qu’il y a des prude ou de salope.Juste des personnes avec leurs envie, leur désirs ou leur non-désirs (bref, soyons claire : je n’adhère pas à cette dichotomie et je suis pas en train de dire « moi moi je suis pas une salope, mais il y en a », je voulais juste souligner la stupidité de cette classification)
Ilfaudrait qu’il existe des cellules de police (??) créees pour combattre ce phénomène, à l’image de ce qui a été créé pour combattre la cyber-pédo-criminalité, où pouvoir reporter ces sites/les auteurs de ces incitations à la haine et aux crimes commis en masse (arrivé à ce point, je ne vois pas comment appelé ça autrement, il faut appelé un chat un chat).
D’autres aurait voulu utilisé le terme de féminicide (avec lequel je suis d’accord), cependant je n’ai pas voulu le faire pour ça tournure politique pas toujours acceptée et parce que sa signification n’est pas comprise par tous. Et je pense que l’important pour servir la cause est de faire passer le message dans les consciences et non de provoquer doutes ou réactions.
Quelqu’un sait-il si ce genre de cellules policières existent pour reporter les incitations à commettre clairement des viols ?
A reporter peut-être à notre chère ministre des droits des femmes…
Quelque soit le nb de partenaires sexuels, ça n’autorise pas le crime !!!
Il y a de plus en plus de « mentalité délinquante » et d’impunité !
La base du bon sens : ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit ».
Le nombre grandissant que cette pensée de bon sens n’éfleure même plus et dont c’est manifeste dans le comportement est le symptôme d’une société très malade (oui, pardon, c pas un scoop!), où en tous cas corruption des mots, de la pensée et de la justice règne à tous les niveaux sociaux.
Merci beaucoup pour ton commentaire Justin.
Je suis beaucoup trop fatiguée -à me débattre justement avec les traumatismes et les séquelles des traumatismes (ne plus être normale, ne plus vivre une vie normale, être écorchée vive, de plus en plus devenir une proie, être victime 2ndairement de la non reconnaissance des crimes et délits subis socialement et judiciairement parlant, être exclue par l’incompréhension et le manque d’empathie, la bêtise et la cruauté, etc), pour réagir cette fois-ci, mais je reviendrais car j’ai des choses à répondre à ton intervention et pour servir le sujet.
Reviens quand tu veux, tu es la bienvenue…
Je n’arrive toukours pas à croire qu’il ya des gens qui encourage cette monstrosité. C’est affreux….
Va voir ce site, c horrible !
http://www.artdeseduire.com/
La laideur humaine dans toute sa splendeur.
A ce demander , si ces gens ont un cerveau en dehors de pour faire du mal ou est-ce qu’il pensent (pardon pour la vulgarité) avec leur trou du cul ?! ( et c’est presque dégradant pour le trou du cul, qui sert à des choses utiles au moins).
A quel point l’ultra-pression du monde professionnel néo-libéral à formaté les esprits de personnes auxquelles il n’a jamais été inculqué aucune humanité, aucun scrupule, ou qui au fond sont des gros lâches, et qui appliquent leur théorème de gagnant (ou plutôt de tyran) en chosifiant toute personne en face d’eux.
En fait, plus ils sont terrifiés à l’image de ce que nécessite de dialogue et de progressivité, d’écoute et de reconnaissance mutuelle, les relations humaines, plus ils développent leur violence.
Tu peux aussi trouver un exemple, un témoignage, de déversoir de haine là, sur un site sur le même sujet plutôt plus calme semble t-il dans son ensemble (mais la modératrice était en vacances), où des commentaires masculinistes bien débridés ont été balancés sans être modérés, les mômes ont l’air d’être paumés, mais ils balancent tout ce qu’ils ont de haine et de fantasmes à l’intérieur. Dangereux parce lu et influent auprès d’esprits malléables.
http://www.seduireunhomme.fr/2013/07/7249/#more-7249
ps: je suis allé voir sur ces sites parce que je ne comprenait pas le contexte d’abréviations utilisé par ce que je découvrait comme étant un « nouveau phénomène de drague », et où j’ai été sidérée de ce que j’y ai découvert, je suis p-e être une vielle et trouvais déjà les choses assez tristes comme ça, mais là ça atteint des sommets dans la théorisation politique de la maltraitance et la violence.
Bref, un monde de psychopathes !!
Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi l’espèce humaine copie tjs ce qu’il y a de pire à importer ???!!!
(cf Pasolini Salo ou les 120 journées.. cf la cité perverse etc, ou les experiences psy qui prouvent que la plupart d’entre nous serait capables sous la pression « d’autorité » d’exercer la torture).
Si j’ai écris ça, c’est parce que je pense que ce qui a été une « découverte »(négative biensur) pour moi, peut l’être pour d’autres, et que l’utilité d’en être avertie est démontrée, comme après ce témoignage plus haut, où la connaissance préalable de l’extrêmisme de ces abbérations de violence, de l’absurdité de la violence comme technique de pression et de torture, permet de l’identifier plus vite, de réagir pour s’en sortir et s’en protéger plus vite.
Je suis contente de constater que je ne suis pas la seule à trouver ces sites répugnant. Je finissais par me demander si ce n’était pas moi qui était anormale, vu qu’ils s’étalent au grand jour et ne se cachent pas, comme s’il n’y avait aucune honte à avoir…
Bonjour à toutes et tous.
Je tiens ici à faire très rapidement une correction : la modératrice du 2e site que je citais hier est rentrée de vacances et a fait un ménage radical sur les commentaires nauséabonds. Je tiens donc ici à restaurer l’intégrité de son travail. Cela me semble important.
A bientôt
Bravo et surtout merci pour cet article, qui décrit, hélas très bien cette situation banalisée qu’est le viol.
Lire un témoignage parallèle à son propre vécu aide. Merci. Ne surtout pas écouter les crétin-es qui minimisent et trouveront toujours à redire sans rien comprendre ou tenter de comprendre.
Oui malheureusement, malgré un avertissement sous le témoignage au sujet du filtrage des commentaires, certains crétins se sont sentis obligés de venir expliquer qu’ils n’étaient pas des violeurs (je ne sais pas pourquoi ils se sont sentis visés ?), ou pire, dénier qu’il s’agit d’un viol. Leurs propos ne sont pas bienvenus ici.
J’ai été violée à plusieurs reprises enfant, puis adulte, sans compter les pires perversions possibles endossées jusqu’il y a peu. Jusqu’à aujourd’hui, j’avais appris à gérer ça, fait des thérapies, je savais ce qu’était le viol, l’abus et j’étais « sûre de moi ». Et puis m’est arrivée hier une horreur sans nom, un mec soi-disant gentil à l’écoute qui en fait….s’est servi de moi comme un dévidoir à sperme, coincé dans son plaisir je n’existais même plus et il a hurlé comme un porc égorgé pendant 1 minute environ (c’est long une minute)…en jouissant. J’avais la nausée, je ne pouvais rien faire physiquement car j’étais bloquée par lui…et je suis restée sidérée pendant 4 heures environ. Le lendemain j’ai réussi à l’envoyer paître, il ne voit pas pourquoi il ne comprend pas, et c’est moi qui doit me soigner car j’ai été violée avant…et il a le droit de crier comme il veut je devrais être flattée (!!!). Je n’ai jamais été autant humiliée de ma vie car dans mes précédents viols au moins il y avait encore une relation, j’existais encore et mes agresseurs se réjouissaient de mon malheur ou des réactions provoquées (mon dieu ce que je suis en train de dire est affreux mais exact, j’étais un objet mais utile). ici, je n’existais même pas et ça, je n’y étais même pas préparée…Ca été la pire expérience de ma vie…Je suis traumatisée, j’ai lavé les draps, tout nettoyé, me suis lavée 10 fois j’ai l’impression d’être sale, salie….Je n’étais même plus un jouet…j’étais un cadavre…
Bonjour Stéphanie, je suis désolée et indignée de lire ce qui vient de t’arriver. Ce sentiment d’impunité et ce manque d’empathie ne sont pas acceptables dans une société qui se veut civilisée. Tu as toute ma solidarité. Prends soin de toi.
Groupe de parole sur les violences faites aux femmes dans les assos féministes de votre région (je ne sais pas d’où vous nous parlez).
Un bon 1er lieu pour en parler en sécurité, ne pas s’isoler, se taire (réduite au silence, à encaisser, même si vous êtes courageuse=ils gagnent) et faire le point.
Bon courage.
Stéphanie : tu as tout mon soutien !
Je ne sais pas trop quoi te conseiller, mais, oui, ne reste pas isolée. Parles-en à des bonnes amies à toi, sur qui tu peux compter.
Peut-être que tu peux tenter de voir si à l’hôpital il n’y a pas un département de traumatologie.
Courage !!
Merci Diké…Ton blog est un bonheur à lire, un soutien à toutes les femmes qui vivent ces horreurs. Le type me poursuit encore et il ne comprend même pas pourquoi j’ai du mal. Comme d’habitude, en plus de tout, il faut supporter le fait de devoir repousser son agresseur en permanence car d’eux-mêmes ils reviennent à la charge…un peu comme quelqu’un qui vous aurait roulé dessus en voiture et repasserait sur vous une cinquantaine de fois…Ca me dépasse totalement…J’essaie de ne pas tomber dans la misandrie mais je dois dire que ça devient difficile vu les…hommes que j’ai rencontrés tout au long de ma vie…En plus, aimant le sexe et étant très à l’aise sur ce sujet, les femmes me voient comme une prostituée…(donc c’est bien fait que je me fasse violer), et les hommes avec…Je ne vois vraiment pas comment être moi-même dans cette société pourrie..Les valeurs de liberté, égalité, fraternité sont une vaste bêtise, qui ne s’appliquent qu’aux dominants…Bref, pas aux femmes…Quoiqu’on fasse nous sommes jugées..en plus je suis childfree…ça aussi, ça met dans la balance du coup je suis une « fille facile » (le lien est d’un limpide….???) Bref, merci de ce site je me sens moins seule…
Stéphanie : soutien ! !
C’est dégueulasse ces idées reçues. On a le droit d’aimer le sexe !! ça ne veut pas dire qu’on aime être violée !
Et c’est quoi le problème à être à l’aise avec la sexualité ?
Ca me met en rage !
Désolée pour vous et bon courage pour la suite, c’est vrai c’est très difficile d’être soi-même et d’avoir une sexualité heureuse en tant que femme. Où on est une personne entière qui découvre une autre vraie personne. Les désirs des femmes ont tellement été niés, dégradés et colonisés par la violence et les fausses représentations, comme si nous étions des corps morcelés, toujours séparés de leurs sentiments…
Merci à tout le monde. J’en ai parlé à plusieurs amies…qui m’ont réconfortée et comprise. Ca m’a fait un grand bien! Je serai amenée à revoir mon agresseur et ça m’énerve car beaucoup de gens le considèrent comme un mec très gentil et attentionné. J’ai envie de le dire partout mais personne ne me croira e ten plus j’aurai encore droit àtous les commentaires désobligeants…Donc…je me tais pour ses amis à lui…mais pour les miens, non. J’ai de bons amis car aucun ne m’a dit que c’était ma faute ou que j’exagérais sauf une car « je suis trop sensible au bruit »…Et alors? Et elle me dit de mettre la musique…le niveau super.. Mais bon franchement je sais ce qu j’ai vécu, ça n’a rien à voir avec un orgasme « normal » ou dans la moyenne, j’ai été un dévidoir et c’est tout et en plus je lui en ai parlé au mec, qui a nié…alors que s’il tenait vraiment à moi et était si attentionné il se serait excusé au minimum…Mais non il trouve ça tout à fait normal de baiser comme un porc en hurlant non-stop quand il jouit pendant une minute …et m’a même dit qu’il s’était encore retenu!! Je n’ose même pas imaginer ce que ça peut être…Pourtant des hommes, j’en ai connus mais ça, c’était juste un cauchemar abominable…Je commence à surmonter l’affaire. Je ne culpabilise pas du tout. Je suis bien suivie par plusieurs psys et je compte bien leur en parler. Le sentiment de dégoût s’estompe et je me retrouve…OUF! Mais enfin comment peut-on être un porc pareil? Et encore oser faire la victime car ‘les femmes sont méchantes, je suis un gentil et je suis toujours tout seul »…Et me raconter que sa dernière conquête en date a fui dès qu’ils ont fait l’amour….la remise en question ça existe? Les hommes me dégoutent de plus en plus dans leur façon de voir les choses…on ferait la moitié du quart, on se ferait traiter de putain. Et d’ailleurs on se fait traiter de putain sans même rien faire…Je préfère être une putain libre qu’une femme soumise en couple…Si c’est comme ça qu’il faut raisonner dans ce monde débile!
Rebonjour !
Courage « La victime du témoignage », Moustache, Stéphanie… je vous sens très pessimistes (et c’est normal car vous avez vécu ce que je n’ai pas vécu, ou lu les liens que je n’ai pas lu) alors je vais essayer de faire un post un peu optimiste.
D’une part c’est vrai que le chemin est encore long (quand vous racontez qu’on vous dit que vous l’avez cherché, etc), mais heureusement l’on peut aussi constater que des progrès ont été faits : depuis 1990 le viol est reconnu au sein du couple ; aujourd’hui la plupart des hommes connaissent ne serait-ce qu’un peu le corps féminin et son fonctionnement et sont donc moins bourrins lors des rapports sexuels ; ou encore sauf erreur de ma part il y a beaucoup moins de viols qu’il y a 100 ans et ceux-ci sont de moins en moins acceptés par la société.
D’autre part il ne faut pas oublier que beaucoup d’hommes sont scandalisés par le viol, mais qu’ils font beaucoup moins de bruit que les violeurs ou que les personnes les excusant. Par exemple sur les sites de machos, c’est sûr que la plupart des commentaires vont défendre la « bonne baise », car les hommes qui auraient été choqués n’ont pas de raison d’aller sur ces sites et ne sont donc pas là pour témoigner leur indignation.
Bon courage à toutes et à tous, je vous envoie toute mon affection.
Justin, vous devez comprendre que nous ne cherchons pas à être consolées ou rassurées sur l’évolution de la condition des femmes, mais nous cherchons à susciter l’indignation sur les archaïsmes et les violence qui persistent.
Nous ne sommes pas pessimistes, nous faisons le constat lucide (et désagréable pour tout le monde) que le viol est un crime très banal dans les faits alors même qu’on prétend qu’il est théoriquement intolérable. Le rythme des progrès législatifs que vous citez est beaucoup trop lent, en tant que citoyens nous n’avons pas à en être fiers.
Reste aussi à faire traduire la loi dans les pratiques comportementales et à la faire appliquer. Le système judiciaire échoue à punir le viol comme il se doit : bien souvent, pour désengorger les tribunaux, le viol est correctionnalisé. Au lieu d’être jugé en cour d’Assise comme il se doit pour un crime, le violeur est jugé en correctionnelle. Pour cela son crime est déqualifié et maquillé en agression sexuelle. Quand la procédure aboutit (si elle aboutit), la survivante n’est pas reconnue victime du crime qu’elle a subi, et le violeur reçoit des peines très légères (alors qu’un violeur encourt normalement 15 à 20 ans de prison).
Nous n’oublions pas que beaucoup d’hommes sont scandalisés par le viol et qu’ils font « beaucoup moins de bruit » que les violeurs. Mais justement nous attendons que les non-violeurs fassent du bruit et montrent qu’ils sont scandalisés. Car pour l’instant nous sommes généralement moquées et incitées à nous taire, dans l’indifférence générale, lorsque nous nous élevons contre la banalité du viol dans les faits, dans les médias, dans la culture (cinéma, chansons, humour…).
Bonjour Diké, oui c’est vrai, ayant très peu de connaissances dans le domaine du viol mon commentaire était peu pertinent, qui plus est déplacé. Merci donc d’avoir rectifié et de m’avoir expliqué.
Pardon Stéphanie de vous avoir énervé par mon deuxième commentaire. Je suis allé sur le tumblr, il est instructif merci.
Je vais tenter de ne pas devenir agressive. Vous connaissez le terme « mansplaining »? Ou comment réexpliquer à des victimes qu’en gros le phénomène va beaucoup mieux que ce qu’elles croient…Pas de chance pour vous, je suis sociologue et les chiffres du viol ça me connaît. J’ai en prime bossé dans le milieu de la violence faite aux femmes… En fait, il y ‘en a de plus en plus, car les femmes osent en parler…Mais bien sûr la majorité se taisent encore car la honte est toujours du coté du violé qui, parfois il est vrai a osé dire oui à un rapport précédemment, ou a osé dire oui à une chose mais pas à l’autre…et les hommes victimes ne sont pas en reste, le viol peut être commis par les 2 sexes…
Le respect des femmes diminue de plus en plus, la pornographie est devenu le seul outil d’éducation pour les jeunes, la violence explose partout comme moyen de communication…mais tout va bien madame la Marquiiiise, soyons positif, voyons le bien…
Sinon tant mieux que des progrès aient été faits…encore heureux…vous voudriez calmer les victimes avec ce genre de propos? Alors le coup des hommes « horrifiés », eh bien qu’ils se manifestent…je les attends.
Si vous voulez du pessimiste, (en fait, du réaliste simplement), allez voir le tumblr « je connais un violeur »…vous m’en direz des nouvelles…peut-être que ces personnes aussi sont trop pessimistes?
Je me demande si on aurait pu dire ça aux Noirs ‘mais enfin l’esclavage diminue de quoi vous vous plaignez, ben oui vous vous êtes toujours esclave hein mais bon voyez le positif »…
Excusez-moi Stéphanie, un petit rectificatif mais il me semble que quel que soit le sexe de la victime l’agresseur est presque toujours un homme. Les cas de femmes adultes violant des hommes adultes sont rarissimes, il est vrai en revanche que les cas de femmes violant des enfants filles et garçons sont très souvent niés, il n’en reste pas moins qu’ils demeurent minoritaires par rapport aux agressions commises par les hommes. Ils ne faut pas faire croire que les femmes sont aussi coupables que les hommes !
« il ne faut pas croire… » :
Il ne faut pas le dire surtout ! parce qu’erroné, c’est ni plus ni moins un mensonge et de la manipulation !
Je parlais de l’inceste (principalement mère-fils) en ce cas en fait…désolée j’aurais du préciser. A l’âge adulte en effet les violeurs sont majoritairement des hommes. Par contre, les hommes peuvent en être victime, notamment dans les rapports homosexuels. Un rapport non consenti existe dans n’importe quel forme de couple, dans les couples lesbiens aussi…Mais bon la majorité en effet des viols sont réalisés par les hommes, loin de moi l’idée d’avoir fait passer l’inverse. En fait, j’ai tellement l’habitude de l’argument masculiniste « les hommes aussi ils se font violer » que je l’inclus moi-même dans mon argumentaire…Veuillez m’excuser.
En lisant vos différents commentaires on voit bien que vous pointez du doigt que la violence contre les femmes et enfants est principalement d’origine masculine, sans généraliser non plus. Merci pour votre participation et vos témoignages.
Pingback: Poire le violeur : quand « séduire » devient « faire céder » | Les Questions Composent
Tu as très bien résumé ma pensée Diké, comme très souvent 🙂
Je suis entièrement d’accord sur la problématique du consentement. Mais la question que je me pose (je précise que je suis une femme), c’est comment reconnaitre un véritable consentement (quand on est un homme) ? Je me souviens du moment ou j’ai rencontré mon conjoint actuel, quand on est entré dans l’intimité il avait une peur bleue de me faire du mal (physiquement, psychologiquement ou de n’importe quelle manière.). A cette époque je n’allais pas très bien psychologiquement (j’avais déjà subi des violences sexuelles, et j’avais une image de moi en dessous de zéro), et il avait très peur que je » consente » artificiellement à une relation physique.
Je pense que je suis très loin d’être la seule à être dans ce cas. Je veux dire, la seule à avoir » consenti » malgré moi (soit parce que je pensais que j’avais franchi une limite, soit parce que « c’est comme ça pi c’est tout « , soit parce que sinon il va me tuer etc …).
Finalement, j’ai eu une relation de 2 ans avec mon conjoint sans sexe, uniquement avec des câlins (des démonstrations d’affection), avant de pouvoir donner un véritable consentement.
Il est intéressant de voir qu’en droit, il existe des vices du consentement, c’est à dire que si le consentement est entaché de certains faits appelés vices (comme l’erreur, le dol [c’est le mensonge, la manipulation] et la violence] il y a viol du consentement. Je pense que ces termes, habituellement réservés au consentement exprimé dans un sens juridique sont tout à fait appropriés dans le cas dont on parle.
Mon conjoint était très sensible à cette question, et surement davantage que moi à cette époque. Je dirais même qu’il a pris à cœur cette question du consentement alors que moi pas, je ne comprenais pas sa démarche.
Il me disait que tant qu’il ne serait pas absolument certain de ne pas commettre une erreur, il ne ferait rien, et que tant que moi même je ne serai pas au claire avec moi, il ne se passerait rien. J’ai eu une chance énorme de tomber sur un homme comme celui là, qui m’a permis d’initier un travail titanesque sur moi même et sur la considération que j’avais de moi même et des femmes en général. Malheureusement, ça n’est pas la majorité des hommes. La plupart, sans être forcément d’odieux connards, se contentent de regarder si la femme qu’il sollicite est plutôt oui ou plutôt non et puis aller hop si y a moyen de moyenner on y va. On s’en fout si elle bourrée, on s’en fout si elle est vachement mal dans sa peau et incapable de savoir où elle va.
Alors en fait pour moi, la question du consentement elle est triple :
– la femme a-t-elle réellement conscience de ce qui la pousse à accepter, si oui est-ce systématiquement un réel consentement ?
– l’homme est-il capable de discernement en matière de consentement, puisqu’il est évoqué par kamal que soit disant les femmes qui disent non veulent en fait dire oui, est-ce que par le plus grand des hasard des femmes qui disent oui voudraient en fait dire non ?
– enfin vient la question de l’éducation et de la culture. Il faudrait peut-être penser à mettre dans les cours d’éducation civique (pour la notion juridique) et d’éducation sexuelle la notion de consentement, et de vice du consentement.
Il y a encore trop de filles (mais peut-être de garçons aussi) qui pensent avoir consenti à des relations, et qui quelques temps plus tard réalisent souvent très douloureusement, que non, ce n’était pas un consentement. Un acte sexuel n’est pas ce qu’on tente de nous faire croire. Ce n’est jamais anodin. JAMAIS. On peut le vivre de manière légère, sans drame, avec des partenaires réguliers, uniques ou multiples, mais ce n’est jamais anodin.
La question du consentement réel est en effet très importante. Cependant, je pense que lorsque les personnes se sentent consentantes (même si au fond il y a viol et non-consentement), elles ne dénonceront donc pas (ou peu) l’acte en tant que tel…Ce qui veut dire que le nombre de cas de viols que nous connaissons est uniquement celui où il y a eu un consentement clairement NON donné…Enfin c’est mon avis. Mais en effet, je connais beaucoup de filles (et moi y compris), qui se demandent après si elles étaient réellement consentantes…notamment lorsqu’on cède à une personne de type PUA ou PN…mais je n’irais jamais dénoncer ça comme un viol…pourtant…n’en est-ce pas un…
Tout d’abord je voudrais remercier Diké pour ce blog que je découvre depuis peu, et pour ce témoignage, il a été dur à lire, mais m’a procuré une sorte de soulagement (j’expliquerai par la suite).
Stéphanie ; La question de savoir si on été réellement consentante, je me la pose aussi. J’ai mis des années à admettre « qu »une fois » j’ai été violée. Il aura fallu un vrai questionnement douloureux et plein de lectures féministes pour que j’arrête de me mentir à moi-même. On est tellement imprégnée de la culture du viol que je me suis récité gentiment tous les lieux communs : j’étais chez lui, j’ai accepté des caresses normal qu’il ai voulu le reste, je le connaissais, je l’ai mérité, ce n’était pas un viol, il était gentil, il ne m’a pas menacé, si je ne voulais pas fallait dire non et j’ai pas dit non…
Bref, ces choses qu’on se répète en boucle pour ne pas affronter l’horreur. Et un jour enfin, j’ai admis les choses. Rien n’a été normal dans ce rapport, j’ai été surprise parce qu’ il m’avait « mais non t’inquiète pas, je sais que tu veux pas, fais moi confiance », pour me plaquer la tête avec force contre son sexe l’instant d’après, et me garder bien immobile pendant qu’il finissait son affaire…J’ai cru m’étouffer et mourir.
Et après, je suis allée « me laver », je lui ai souri, j’ai balbutié un « bof ça va » quand il m’a affirmé avec enthousiasme que j’avais aimé ça et J’ai gardé ce goût atroce dans la bouche pendant des jours.
L’admettre ça à été dur, m’en remettre aussi. Et depuis je m’interroge. Ce jour-là, j’avais cédé, je m’étais laissé faire. Et combien de fois encore par la suite ai-je « autorisé » un homme à « se faire plaisir » sans le vouloir, juste pour avoir la paix, pour ne pas risquer de les énerver, parce que j’étais conditionnée à penser « si je suis arrivée là, je peux serrer les dents et endurer le reste, sinon il va se mettre en colère, ou être déçu… »
Étaient-ce vraiment des viols ?
Même avec mon mari ? Qui prend pourtant soin de me demander cent fois, avant chaque acte, si j’ai vraiment envie, si je me sens bien, si il peux le faire, oui au cours d’un seul rapport je peux entendre de sa part cette question des dizaines de fois. Suis-je vraiment consentante quand j’endure des douleurs pour « lui faire plaisir », parce que j’ai envie qu’il soit content et me laisse tranquille ? Ou est-ce que je cède ?
Lire ce type de témoignage est dur mais fait du bien. Il m’a donné la force de vous livrer mon propre témoignage.
beaucoup de mecs on du mal à comprendre que bien des viols sur femmes se sont sans arme, voir sans violence physique (comme des coups ou autres).
la force physique, l’autorité et la menace suffisent quasiment tout le temps, évidemment une femme est moins forte physiquement, elle peut rien faire, comme ça a été le cas pour moi.
il faut aussi comprendre que la victime peut chercher à s’en sortir de la meilleure façon possible, ou plutôt la moins pire, et de ce fait finir par laisser faire le violeur plus facilement.
pour moi ils étaient 2 et m’avaient coincé ds une chambre. je voulais pas d’eux, j’avais juste été OK pour prendre un verre. J’ai dis non, tenté de fuir, de les repousser, rien n’y a fait. Et je vous assure que mon non-consentement était très, très clair.
Le 1er m’a entièrement déshabillé et « fait l’amour », et une fois que j’ai compris que je ne pouvais plus rien tenter pour y échapper, OUI je me suis détendue le + possible pour ne pas qu’il me blesse physiquement, donc logiquement les réflexes physiques sont survenus, j’ai mouillé et du coup j’ai pu subir le viol sans avoir trop mal. OUI je me suis laissé allé et des gémissements se sont échappés de ma bouche, pas DU TOUT parce que j’aimais ce qu’il me faisait mais parce que c’était le moyen d’évacuer le stress et la souffrance. Quand il s’est allongé à côté de moi et m’a demandé de monter sur lui, de le chevaucher pour que ce soit moi qui fasse le mouvement de la pénétration, ça a été une terrible humiliation mais j’ai bien été forcée de le faire. Où est-ce qu’un homme pourrait y voir du consentement, ils étaient 10 fois + forts que moi. Evidemment que j’ai fini par accélérer mes mouvements de bassin pour que ça en finisse, évidemment que ça a fait en sorte que mes gémissements sont devenus plus forts, et alors ça reste un viol. J’étais tout simplement obligée de faire ça, ce sont eux deux qui m’y ont obligé et ils le savent très bien quoi qu’ils aient tenté de prétendre après (vous pensez bien qu’ils ont essayé ensuite de se servir de ces « arguments » pendant le procès).
Le 2eme m’a dit de me mettre à genoux et de lui faire ça avec la bouche. j’avais pas + le choix que pour le 1er. Il a exigé que je lui fasse ça façon film X, en accompagnant le mouvement de la main. Il voulait aller jusqu’au bout, ayant peur des maladies je lui ai demandé l’autorisation de ne pas avaler, je l’ai supplié. Ce salopard m’a dit que c’était OK mais à condition que je lui fasse ça comme il faut, autrement dit que je le suce en y mettant vraiment du mien plutôt que simplement subir ou faire ça mécaniquement. L’humiliation a été encore plus grande car j’ai du lui continuer ça en passant par d’autres étapes (lécher son sexe, testicules etc) et sans que je m’en rende vraiment compte ça me faisait revenir mes techniques de mes anciennes fellations (qui elles étaient consentantes évidemment) ce qui a fait qu’il a vu que je connaissais cette pratique et ça l’a excité encore plus. Mais c’est grâce à ça que j’ai pu avoir l’autorisation de ne pas avaler et que j’ai pu cracher après qu’il ait fini.
heureusement qu’après ça ils étaient crevés et m’ont laissé partir. Cette chambre ne leur appartenait pas, c’était une chambre d’hotel, mais l’enquête a quand même fini par les retrouver, et au procès ça a t très dur car ils ont grossis 1000 fois tous ces petits détails, pour essayer de faire croire qu’au fond j’avais aimé ça et avais été consentante, heureusement ça n’a pas marché.
tout ça pour dire qu’il y a bel et bien des victimes qui sont pas ligotées ou couteau sous la gorge, et que le violeur force quand meme par bien des manières.
depuis ce jour j’ai vraiment du mal à pratiquer certaines choses, et mes rapports avec les garçons ne sont plus les mêmes.
Merci pour ton témoignage à la fois lucide et très clair. Le procès et les « arguments » cruels de tes agresseurs ont dû être une sacrée épreuve à affronter. Bravo pour ton courage et toute ma solidarité pour continuer à avancer et triompher.
Bravo pour ton témoignage Lisa !
Pour travailler dans le social lié à la justice, je me suis entretenu avec pas mal de victimes, et je peux te dire que ton type de mésaventure est bien plus fréquent que l’agresseur cagoulé qui signe son forfait en 2 minutes au coin d’une rue. Ce que je peux te dire c’est surtout, surtout : ne culpabilise pas.
Les réactions physiques sont courantes dans ces cas là. Certaines victimes ont même un orgasme au cours du viol, non ce n’est pas une légende j’ai eu plusieurs témoignages. – ça n’a pas été ton cas je crois -. Ces réactions viennent alors par mécanisme, car le corps fonctionne ainsi, et aussi par instinct de survie : ces étranges éclairs de « plaisir » quand il y en a sont en fait une attitude de survie. Attention je ne prétend pas que tu as eu du plaisir, je dis juste que ça surviens parfois chez certaines, à certains moments, et que c’est un gros travail ensuite entre elles et moi pour déculpabiliser.
Au final, celles qui s’en sortent le mieux sont celles qui ont la présence d’esprit comme toi de se laisser aller, quitte à ce qu’il y ait des gémissements d’apparence « érotique » et une lubrification du vagin. Ne culpabilise pas non plus d’avoir agi finalement de façon à satisfaire tes agresseurs, en prenant une part active. 1 –> tu as bien agi car la encore tu as été maline et as trouvé le moyen pour qu’ils ne te violentent pas et te laissent partir .d’autres victimes qui n’ont pas ta présence d’esprit s’en sortent souvent beaucoup moins bien. Et 2 –> en tant que victime tu étais contrainte,donc sous leurs ordres :ils te dictaient des choses,tu devais obéir,point. Les responsables ce sont eux, et eux seuls.
J’insiste la dessus car certaines victimes se confiant à moi culpabilisent énormément à cause du rôle qu’elles ont été contraintes de tenir au cours de leur viol.L’une d’entre elle m’a particulièrement marqué, une fille de 30 ans particulièrement jolie de visage et de corps, ce qui a fait son malheur, qui a été capturée par 3 jeunes de 15 ans (je sais, c’est fou). Ils l’ont forcé à se déshabiller elle-même, sans que ce soit eux qui le fassent.Après qu’un des 3 l’eut violé, ils ont voulu restituer une scène de porno et elle s’est retrouvé à genoux, un pénis à sa gauche, un à sa droite, un devant elle, et a du les sucer tour à tour plusieurs fois en alternant les sexes, et là où sa bouche n’était pas sa main devait être. Et si elle a eu aussi la chance de ne pas être obligé d’avaler, c’est parce qu’ils ont fini sur son visage. Eh bien je peux t’assurer que meme là où le viol aparaissait comme une évidence, il a fallu reconstituer la scène oralement plusieurs fois avec elle pour qu’elle se rende enfin vraiment compte qu’elle n’avait pas à culpabiliser,qu’elle était forcée à 200 %. Certains violeurs particulièrement pervers mettent en place ce style de stratagèmes. La pour l’exemple, la fille a juste reçu l’ordre de base (« t’en suces une, pendant ce temps avec ta main tu branles ce que tu suces pas, et tu changes ») et c’était donc à elle de sucer l’un pendant 20 secondes en masturbant le 2eme, puis sucer le 2eme en masturbant le 3eme, et ainsi de suite jusqu’à la fin, et bien sûr elle était obligée de le faire car elle craignait pour sa vie, mais comme elle était obligée de le faire elle-même, sans meme qu’ils la tiennent par les cheveux ou la dirige, ça l’a fait culpabiliser à mort la pauvre puce. Tout ça pour dire que les violeurs avaient fait en sorte de la forcer à un role de « salope » pour qu’elle se sente ensuite « salope », ce qui a malheureusement réussi, en tout cas pour un moment. ça m’a fait pensé à ta triste histoire, et je tenais à raconter ça pour que tu voies que tu n’es pas seule, d’autres on vécu des choses très culpabilisantes de ce type. Tu n’as pas à t’en faire toutes tes réactions ont été normales, d’ailleurs je trouve que tu t’en es très bien sortie, tu as eu la ressource nécessaire pour repartir en un seul morceau, sans plaisanter je pense que tu devrais être davantage fière de toi qu’autre chose, tu as été très courageuse. Et honte à EUX et à eux seuls !
– pardon pour autant de détails mais je tiens à ce qu’on sache la vérité sur ces choses, faut plus se taire quitte a entrer dans les détails, et je sais aussi qu’il y a d’autres victimes qui lisent ici et à qui ça fera sans doute du bien, en tout cas je l’espère –
Je suis sure que certain(es) internautes doivent se demander comment la lecture de ce genre de témoignages peut faire du bien. pourtant si Barbara ton message m’a vraiment fais du bien.Heureuse de se sentir moins seule,(encore que j’aurai préféré être la seule fille au monde violée !!!) et d’avoir confirmation que ces réactions de ma part étaient normales,je le savais dejà plus ou moins mais en etre assurée ça soulage vraiment.
Non pas d’orgasme pour moi heureusement,mais je t’assure que sur la fin il a fallu que j’arrête de me laisser aller et que je me concentre pour pas en avoir un,aussi je comprend ce que tu dis. Du « plaisir » oui en un sens par moments,pas tout le temps,mais parfois ça survenait sans que je le veuille, les mécanismes du corps la encore.Je sais pas comment je pourrais le nommer.
evidemment j’ai pas raconté tous les détails,car le premier a vraiment pris le temps de connaitre mon corps et toutes ses réactions,et il était ensuite tout fier de montrer a son copain comment il s’y prenait pour me faire pousser des gémissements discrets ou au contraire forts, voir tres forts, en allant a différentes profondeurs et a differents rythmes.Du style « la tu vois je vais plus profond et en même temps je lui caresse le clito, bin écoute comment ça la fait gémir la salope ». J’étais complètement a sa merci. moi je faisais simplement mon possible pour qu’il soit satisfait afin qu’il ne devienne pas violent. Puis aussi, me soumettre totalement à lui était le moyen pour que mon corps réagisse en me faisant mouiller et du coup ça ne faisait pas mal.Donc oui je me suis soumise à 100 % par instinct de survie.
Le pire c’est que je me suis apercu après lors du procès que 2 séquences vidéos avait été enregistré avec un mobile (les enqueteurs ont retrouvé ça chez l’un d’eux),j’avais rien vu puisque je fermais les yeux pendant le viol. Il y avait 2 séquences vidéos, une ou je chevauchais le 1er et c’était moi qui faisai le mouvement,et une autre ou je suçais et léchais le gland du 2eme tout en le masturbant. Heureusement que le procès était à huis clos.
ça a failli jouer en leur faveur car sur les 2 scènes ce n’était pas du tout evident de comprendre que je n’étais pas consentante (notamment à cause de mes gémissements pour la 1ere scène,et de ma façon active de sucer ds la 2eme scene, avec des coups de langue sur le gland etc.).Au final ça s’est retourné contre eux car il a ete prouvé qu’ils avaient coupé le reste,et que c’était signe evident que le reste aurait montré des passages ou on voyait très clairement mes protestations et le fait que je ne voulais pas. Mon avocate a démontré avec brio que je faisais tout ça parce qu’ils m’en avaient donné l’ordre,donc que je ne faisais qu’obéir. ouf ! me sens vraiment mieux d’avoir pu raconter tout ça à des filles de confiance comme vous. Bises.
Bonjour Lisa. Je suis sûre que d’autres survivantes seront rassurées aussi à la lecture de ton témoignage que tu as pris le temps de détailler, ainsi que celui de Barbara.
Il est important que tout le monde comprenne que les violeurs ont des stratégies pour violer sans avoir besoin de couteau sous la gorge, et que ces mêmes techniques leurs servent ensuite à décrédibiliser leurs victimes et entretenir la culture du viol (culpabilisation des victimes, impunité des agresseurs).
Parfois j’ai la ferme impression que l’on atteindra jamais de réelle égalité à cause de ce genre de mythes qui planent encore…
(« La femme aime être dominée »…ce genre de paroles me donne au contraire l’envie d’enfiler un poing américain et d’en faire un usage excessif sur l’auteur d’un tel propos oui!!)
Dailleurs, ça me rappelle cette situation où un gars tentait désespérément de me draguer en me flattant sur mon physique; ça me mettait extrêmement mal à l’aise car il n’y avait aucun feeling de mon côté. Et il insistait quand je donnais des explications sur ma gêne. « Prends juste le compliment et tais-toi. » Je ne l’ai pas côtoyé plus et j’en suis bien contente: sa description pourrait coller à celle que vous faites dans votre article…
C’est souvent très subtil comme comportement et plus que difficile à flairer, mais je persiste à croire que si la personne insiste sur un quelconque autre sujet qui peut être de près ou de loin en lien avec la sexualité, mieux vaut prendre des distances, on est jamais trop prudent.
Je vous souhaite bien de la chance pour la suite, et merci encore d’avoir partagé votre expérience, je suis certaine qu’elle aidera plusieurs personnes à l’avenir.
lire un article comme sa me dégoute, se mec est une merde
J’avais 22 ans, j’étais saoule, loin de chez moi pour un job d’été …
Quand je suis arrivée dans ma caravane, il était dans mon lit.
Il m’a dit vouloir juste dormir.
Il était l’un des responsables, marié, 2 enfants, petit, gentil, et l’air si inoffensif.
J’étais jeune.
Ce sac à merde m’a attrappé baissé mon pantalon, et m’a baisé tellement fort que la caravane faisait des va et viens sur place.
Tous ceux autour en on profité. Mon corps entier était couvert de bleus.
Et comme si cela ne suffisait pas, je devais affronter les regards moqueurs témoins de mon viol, la petite salope qui s’était bien fait niquer.
J’ai dis non, mais je l’ai laissé faire.
Je suis allé le voir le lendemain pour lui dire que ce n’était pas moi .. Il m’a coupé en me disant : »t’inquiète pas je le dirai à personne »
J’en ai vomi.
Vous dire que je me suis remise ?
On n’est pas ici pour se mentir.
J’ai 34 piges, et mets un point d’honneur à foutre ma vie en l’air.
Je suis devenue ce que je n’étais pas, ce pour quoi on m’a prise.
Une salope.
Je ne suis pas heureuse, mais mon corps m’appartient. Je prends mon pied et je me tire.
Je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs, mais ma confiance en eux est toutefois relative.
Mais je sais aujourd’hui comment ils fonctionnent, et surtout comment les tenir.
C’est triste, mais c’est ainsi que j’ai repris le contrôle sur le sexe f..
Bonjour Marie et merci pour ton témoignage. Tous les hommes ne sont pas des violeurs mais ils sont beaucoup trop à les encourager par leur passivité, voire leur bienveillance, lorsqu’ils sont témoins d’agression ou de crimes sexistes.
Quelqu’un a essayé de te détruire mais ton témoignage est la preuve que tu as bien survécu. Survivre n’est qu’un début, si long soit-il, et je te souhaites de continuer à avancer vers plus de sérénité, sans pour autant perdre ta colère légitime. Ton corps t’appartient ; tu es ton corps, prends soin de toi.